Zurich (awp) - Lindt & Sprüngli a retrouvé l'année dernière un niveau de recettes d'avant-crise, le chiffre d'affaires du chocolatier industriel ayant bondi de 14,2% à 4,59 milliards de francs suisses. La progression organique des ventes s'est établie à 13,3%, freinée cependant par l'Amérique du Nord.

Toutes les régions ont contribué à cette performance, indique mardi le groupe de Kilchberg, qui revendique une croissance plus vigoureuse que celle du marché. Les restrictions liées à la pandémie ont continué à affecter les recettes, au même titre que la force du franc. Le chocolatier a pu compter sur ses produits phares - comme la gamme Lindor - et le lancement de nouveaux produits pour soutenir ses ventes.

En Europe, la croissance organique s'est fixée à 13,8%, pour un chiffre d'affaires de 2,33 milliards de francs suisses (2,01 milliards en 2020) porté par la Suisse, l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne.

L'Amérique du Nord a généré des recettes de 1,69 milliard de francs suisses (1,54 milliard), pour une progression organique de 10,7%. La filiale américaine Russel Stover a pâti de soucis d'approvisionnement et des pénuries personnel, a indiqué un porte-parole à AWP.

La zone "reste du monde" affiche une croissance organique de 19,7% et des ventes de 0,57 milliard (0,47 milliard), grâce notamment aux bonnes performances réalisées au Brésil, en Chine et au Japon.

Les ventes en ligne ont augmenté de plus de 10%, selon les indications fournies par Lindt & Sprüngli.

Les chiffres d'affaires et la croissance organique du groupe sont conformes aux prévisions du consensus AWP, alors que la progression organique des ventes décoiffe les attentes dans toutes les régions, sauf l'Amérique du Nord, que les analystes estimaient à 13,9%.

En 2019, soit avant l'éclatement de la crise pandémique, la société avait généré des revenus de 4,51 milliards de francs suisses. L'année suivante, le chiffre d'affaires avait fondu de près de 11%, sous l'effet de fermetures de magasins et des restrictions de voyage.

Objectifs confirmés

La direction de Lindt & Sprüngli se dit confiante dans sa capacité à atteindre en 2021 ses objectifs annuels en termes de rentabilité, le chocolatier zurichois tablant sur une marge opérationnelle avant impôts et intérêts (Ebit) de 14%. Pour 2022, le groupe s'attend toujours à dégager une marge Ebit de 15%. Pour les années suivantes, la marge bénéficiaire devrait augmenter entre 20 et 40 points de base.

Le groupe s'attend toujours à croître plus rapidement que le marché, grâce au canal de vente en ligne, au lancement de nouveaux produits ainsi qu'au renforcement des produits Lindor et des spécialités de saison, précise le communiqué.

Les états financiers complets de l'exercice 2021 seront publiés le 8 mars.

La plupart des analystes se montraient très réservés vis-à-vis des chiffres publiés par Lindt & Sprüngli, notamment sur la performance en Amérique du Nord. La filiale américaine Russel Stover ne semble pas encore totalement rétablie, affirme la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Vontobel parle de "déception".

Lindt est valorisé comme un producteur de biens de consommation de luxe, sans toutefois les fondamentaux économiques nécessaires, ses marges opérationnelles étant faibles, souligne pour sa part Barclays. Le géant bancaire britannique évoque par ailleurs le risque réglementaire potentiel que représente pour le groupe zurichois la lutte contre la malbouffe qui s'organise globalement.

Vontobel anticipe pour juillet le lancement d'un nouveau programme d'achat d'actions, l'actuel étant déjà bien avancé.

Après une forte progression du cours en 2021, le bon de participation Lindt a visiblement fait l'objet de prises de bénéfices. A la clôture, le titre a cédé 4,1% à 10'820 francs suisses dans un SPI en recul de 0,95%. Egalement cotée sur SIX, la nominative Lindt s'est affaissée de près de 3,0% à 108'100 francs suisses.

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