Zurich (awp) - Le chocolat et les pralinés de Lindt & Sprüngli ont moins séduit en 2020, en raison des restrictions liées à la crise du coronavirus. Le chocolatier zurichois a vu ses ventes reculer de plus de 10% en 2020 et s'abstient de livrer des pronostics pour l'année en cours.

Le chocolatier de Kilchberg a enregistré un chiffre d'affaires de 4,02 milliards de francs suisses en 2020, soit une chute de 10,9% en un an. Ajustée des effets de change, l'évolution organique s'inscrit dans le négatif à -6,1%, selon le communiqué paru mardi. Tant le chiffre d'affaires que la contraction organique ont fait moins bien que le consensus AWP.

La multinationale a pu se redresser légèrement au deuxième semestre, habituellement porté par les ventes de Noël. Les six premiers mois de l'année avaient été marqués par la fermeture temporaire des 500 boutiques du groupe à Pâques, entraînant un recul des ventes de près de 13% à 1,53 milliard de francs suisses.

Mais la reprise s'annonce plus difficile que prévu. En juillet, le chocolatier comptait encore sur un effet de rattrapage en 2021, pour dépasser la cible de croissance de 5 à 7% par an à moyen et long terme. Dans la présentation de mardi, il n'en était plus question.

Toutes les régions ont été affectées l'an dernier, mais de manière contrastée. En Europe, la baisse des ventes de tablettes et de pralinés a été limitée à près de 3% en 2020. Les pays disposant de magasins de la marque et dépendant du tourisme comme la Suisse, l'Autriche et l'Italie ont souffert.

L'Amérique du nord a enregistré près de 7% de ventes en moins sur un an, en raison notamment de la fermeture des boutiques en propre. La catégorie Reste du monde a été particulièrement pénalisée par la baisse du trafic dans les aéroports et les restrictions de voyages (-16%). Mais la Chine et le Japon ont enregistré une croissance des ventes.

Par produit, les ventes de tablettes Excellence ont connu une croissance à deux chiffres, portée par le commerce de détail.

Risques structurels

Pour pallier aux fermetures de ses boutiques, l'entreprise a développé des services de livraison et de collecte. Le commerce en ligne a beau avoir doublé en un an, il ne représente que 5% des recettes.

Le groupe, qui publiera ses résultats détaillés le 2 mars, a confirmé ses objectifs dont une marge opérationnelle (Ebit) autour de 10% pour 2020. En 2019, elle s'élevait à 15,0%. Il s'attend à renouer en 2022 avec le niveau d'avant-crise et estime que "que la croissance positive des marchés du chocolat, et en particulier du chocolat haut de gamme" se poursuivra.

Les analystes sont divisés quant aux perspectives du chocolatier. Pour Vontobel, Lindt & Sprüngli reste un acteur de niche de premier plan et a une solide expérience en matière de gestion des coûts. UBS note que le groupe a malgré tout gagné des parts de marché dans ses principaux canaux de distribution, le commerce de détail représentant environ 80% des ventes.

En revanche, Baader Helvea trouve le marché trop optimiste sur le rebond post-Covid, alors que le groupe n'a pas fourni d'objectif de croissance 2021. Il pointe différents risques structurels (concurrence, difficultés du commerce en ligne, changement des besoins des consommateurs) et des problématiques, comme celle du travail des enfants et celle des produits très sucrés.

A la Bourse, le bon Lindt&Sprügli a fini en baisse de 5,3% à 8075 francs suisses et la nominative a perdu 2,7% à 85'400 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,28%.

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