LONDRES, 14 octobre (Reuters) - L'Union européenne disposera d'un "plan B" pour relocaliser dans l'UE la compensation des produits dérivés financiers libellés en euros, assurée pour l'instant à Londres, si Bruxelles décide de mettre fin au régime actuel, a déclaré mercredi le président de l'Autorité européenne des marchés (ESMA).

LCH, filiale du London Stock Exchange, bénéficie pour l'instant d'un régime dit d'"équivalence" accordé par l'UE pour poursuivre, 18 mois après la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre, la compensation des dérivés pour le compte des clients de l'UE. Le même régime s'applique aux opérateurs ICE et London Metal Exchange.

LCH assure la compensation d'une large majorité de swaps en euros, une activité clé pour la place financière londonienne que l'UE souhaite depuis longtemps voir rapatriée en son sein.

La nature de l'accès futur à l'UE des chambres de compensation britanniques dépend en partie des relations entre l'ESMA et la Banque d'Angleterre, autorité de tutelle de LCH.

"L'équivalence suppose une bonne coopération et nous travaillons très bien avec la Banque d'Angleterre mais il est important de disposer d'un plan de repli au cas où il y aurait un différend sur la relocalisation de ces activités dans l'UE", a dit le président de l'ESMA, Steven Maijoor, à Reuters.

L'ESMA réfléchit donc à un plan "crédible" pour relocaliser la compensation dans l'UE, a-t-il ajouté.

"Le plan A consiste à soutenir les marchés de capitaux mondiaux et à avoir l'équivalence mais il faut avoir un plan B et invoquer le plan B si une chambre de compensation a une importance systémique (...) et si la coopération ne fonctionne pas comme prévu", a-t-il expliqué.

Steven Maijoor a dit que l'ESMA communiquerait prochainement sur la localisation obligatoire pour les investisseurs de l'UE des transactions sur les actions cotées dans l'Union. Une question sur laquelle l'ESMA a dit à plusieurs reprises que le principe de base devrait être que ces transactions se fassent au sein de l'UE.

Un communiqué sur les swaps devrait être rendu public avant la fin de l'année.

Les marchés s'attendent à une poussée de volatilité à l'approche du 31 décembre mais Steven Maijoor a déclaré qu'une enquête de l'ESMA montrait un niveau élevé de satisfaction des autorités de marché nationales concernant les préparatifs entrepris par les acteurs des marchés.

Il s'est en revanche dit inquiet des niveaux actuels de valorisation des marchés, comparables à ceux qui prévalaient avant la crise du coronavirus.

"Nous sommes préoccupés quant à de possibles poussées de volatilité liées au COVID et par l'évolution de la deuxième vague d'infections", a-t-il dit.

(Huw Jones, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)