Londres (awp/afp) - La chaîne britannique de magasins de proximité McColl's a demandé vendredi son placement en redressement judiciaire après avoir échoué à convaincre ses créanciers d'adopter un plan de sauvetage, suscitant des craintes pour ses 16.000 employés.

"Pour protéger les créanciers, préserver l'avenir de l'entreprise et protéger les intérêts des salariés, le conseil d'administration n'a malheureusement d'autre choix que de placer la compagnie en redressement judiciaire", a annoncé McColl's dans un communiqué.

L'offre de sauvetage émanait du géant britannique des supermarchés Morrisons, qui a déjà plus de 200 magasins ouverts en partenariat avec McColl's, dont il est aussi le principal grossiste.

Morrisons a déploré le rejet de sa proposition qui aurait "évité (...) le placement en redressement judiciaire de McColl's, garanti la pérennité de la grande majorité des emplois et des magasins" tout en protégeant les bénéficiaires du régime de retraite de l'entreprise et les créanciers.

"Pour des milliers de personnes qui travaillent dur et pour les retraités (de McColl's), c'est très décevant, préjudiciable et inutile", a ajouté Morrisons dans un déclaration transmise à l'AFP.

McColl's, dont les ventes avaient bénéficié de la fermeture des pubs et restaurants au plus fort de la pandémie, avait vu sa situation financière se dégrader fortement l'an dernier, avec des revenus qui avaient fondu de 11% en 2021.

Inflation

L'entreprise avait notamment mis ces problèmes sur le compte de pénuries de chauffeurs routiers, particulièrement vives dans le pays, et de manques d'employés dans les centres de distribution.

Ces perturbations s'ajoutent cette année aux réductions des dépenses de consommateurs confrontés à une crise aigüe du coût de la vie, alors que l'inflation s'emballe et pourrait atteindre 10% à la fin de l'année dans le pays.

La chaîne de magasins avait réussi à lever en septembre 30 millions de livres, mais avait depuis du mal à se financer. Sa dette s'est creusée de 8% l'an dernier, à près de 100 millions de livres.

L'autorité britannique des marchés a suspendu les actions de McColl's à la Bourse de Londres juste avant l'annonce du dépôt de bilan.

Les actions s'étaient envolées de près de 50% vendredi en début de journée, portées par l'espoir d'un accord de sauvetage de Morrisons.

Mais "les créanciers ont clairement indiqué qu'ils n'étaient pas convaincus que ces discussions aboutiraient à un résultat acceptable pour eux", a indiqué McColl's, qui dit avoir mandaté le cabinet PwC comme administrateur, espérant qu'il "mette en oeuvre une vente de l'entreprise à un tiers dès que possible".

Outre Morrisons, le groupe EG, qui appartient aux richissimes frères Issa et au fonds d'investissement TDR Capital, et qui possède notamment des stations-services au Royaume-Uni, en Europe continentale et aux Etats-Unis, était aussi intéressé par McColl's, selon SkyNews.

Contacté par l'AFP, un porte-parole d'EG s'est refusé à tout commentaire.

McColl's dispose d'un réseau de quelque 1.100 magasins, dont certains ouverts en partenariat avec Morrisons, et de près de 200 marchands de journaux en Grande-Bretagne, où il emploie 16.000 personnes.

Mardi, il avait annoncé qu'il ne publierait pas ses résultats annuels d'ici à la fin mai, contrairement à ce qui était initialement prévu, en raison de "la nécessité de conclure les discussions (...) autour d'une éventuelle solution de financement pour l'entreprise".

De son côté, Morrisons a été racheté en octobre par la société de capital investissement américaine Clayton, Dubilier and Rice (CD&R).

Mais la finalisation de cette opération reste suspendue au règlement d'un problème de concentration dans le secteur des stations essence. CD&R a proposé cette semaine aux autorités britanniques de la concurrence de régler le problème en vendant 87 stations.

afp/rp