Encore méconnu, le groupe Lumibird, issu du rapprochement de Quantel et Keopsys, a vu son cours de Bourse progresser de +57% en 2018, après +118% en 2017. Dans un contexte boursier difficile, surtout pour les petites valeurs, la société vient de boucler une augmentation de capital de 7,8 M€. L’opération a été largement sursouscrite compte tenu d’un prix d’émission de 9 EUR, alors que l’action cotait 18 EUR fin août dernier et que le groupe a publié de bonnes nouvelles. Entretien avec son dirigeant fondateur, Marc Le Flohic. 

Marc Le Flohic, il y a 20 ans vous embauchiez votre premier collaborateur. Où en êtes-vous en ce début 2019 ?
"Nous sommes aujourd’hui plus de 450 personnes chez Lumibird, contre une centaine début 2017, avant que Keopsys se rapproche de Quantel. Cette fusion avec une société cotée, n°1 français dans le domaine du laser, nous a permis de changer de dimension. Nous ne sommes pourtant qu’au début de l’histoire du groupe. Nous avons en effet réuni deux entreprises très complémentaires dans le but d’atteindre une taille critique au niveau mondial sur trois marchés stratégiques encore émergents en termes d’applications des technologies lasers : les lidars, le médical et la défense. Le laser a plus de 50 ans, mais il reste au cœur des nouvelles technologies. Notre mission est de le démocratiser par l’innovation, qui élargit les champs d’application, et l’industrialisation, qui réduit les coûts de production."

Lors de l’appel au marché réalisé il y a quelques semaines, Lumibird a exprimé sa volonté de reprendre une phase d’acquisition volontariste. N’est-ce pas prématuré ?
"Il est vrai que le nouvel ensemble n’est pas encore totalement optimisé et qu’il y a encore beaucoup de marge de progression sur le périmètre existant. Cependant, nous disposons aujourd’hui d’un socle très solide pour aller beaucoup plus loin. Nous devrions afficher en 2018 une centaine de millions d’euros de chiffre d’affaires et une profitabilité déjà nettement redressée. Maintenant, nos trois marchés stratégiques croissent à deux chiffres et nous devons rapidement atteindre une taille critique sur chacun d’entre eux. Cela passe par des croissances externes, et ce dès 2019."

Laser photocoagulateur Vitra 2 de Quantel (Source Lumibird)

Quels types de cibles avez-vous identifiées ?
"Nous en avons identifié sur nos trois axes clé de développement que sont les lidars, la défense et le médical. Nous avons d’ailleurs déjà réalisé une petite acquisition dans le médical courant 2018. Nous poursuivons trois types d’objectifs dans cette stratégie d’acquisition. Tout d’abord, renforcer notre leadership, ensuite, ajouter des technologies afin d’élever les barrières à l’entrée, et enfin, verticaliser la production afin de mieux la maîtriser et d’intégrer plus de marge. C’est ce que nous avons fait avec Quantel, qui répondait à ces trois objectifs. Nous avons aujourd’hui une capacité d’acquisition de plusieurs dizaines de millions d’euros et nous espérons pouvoir concrétiser des opérations dès les prochains mois."

Ne craignez-vous pas le ralentissement économique ?
"J’ai connu la crise des télécoms en 2001. Il a fallu attendre six ans pour que le marché se reprenne. Le groupe que je dirige aujourd’hui est très différent. Il est largement diversifié et se focalise sur des marchés captifs ou en phase de démarrage. A mon sens, c’est le marché des lidars, et en particulier celui de la voiture autonome, qui est le plus exposé aux contre-coups d’une conjoncture dégradée. Pour l’instant, nous n’avons pas de signe négatif en provenance de nos clients, que ce soient les GAFA, les équipementiers ou encore les start-up. Les demandes de développements sont énormes et notre carnet de commande de capteurs lidars est déjà très important pour 2019. Nous en dirons davantage lors de la publication des résultats 2018 qui aura lieu en mars. Nous indiquerons à cette occasion les objectifs de notre plan à moyen terme."
 

L'auteur est actionnaire de la société Lumibird à titre personnel.