Arnault (LVMH) exhorte l'UE à être plus "constructive" sur le commerce avec Trump
Publié le 22/05/2025 à 00:01
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PARIS (Reuters) - Bernard Arnault, P-DG du géant du luxe LVMH, a jugé mercredi que l'Union européenne n'était pas assez constructive dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis pour parer la menace des droits de douane agitée par le président américain Donald Trump.
Auditionné dans le cadre d'une commission d'enquête du Sénat sur les aides publiques aux grandes entreprises, Bernard Arnault a dit craindre que les premières discussions entre Européens et Américains soient "relativement mal parti(es)", invitant l'UE à suivre l'exemple du Royaume-Uni qui a conclu début mai un accord avec les Etats-Unis permettant d'alléger certains droits de douane américains.
"J'espère arriver à convaincre, avec mes petits moyens et mes contacts, l'Europe de prendre une attitude aussi constructive" que le Royaume-Uni, a-t-il déclaré, estimant que "les Anglais" avaient "très bien négocié".
"Il est très important d'arriver à trouver, pour l'Europe, un accord avec les Etats-Unis et je dirais que jusqu'à aujourd'hui, ça me paraît relativement mal parti", a-t-il ajouté.
"Je pense que la négociation, elle doit être menée de manière constructive, elle doit être menée pour aboutir et donc avec des concessions réciproques", a poursuivi le PDG de LVMH.
Le dirigeant du géant du luxe souhaite ainsi défendre les intérêts de son groupe, et notamment sa branche dédiée aux spiritueux.
"Il faut que la France aide évidemment cela. Pour la France, le risque est majeur, en particulier pour le cognac et le champagne", a-t-il ainsi déclaré.
(Reportage par Florence Loève, édité par Bertrand Boucey)
Né à Roubaix en 1949, Bernard Arnault est fils d'un entrepreneur en bâtiment et travaux publics. Polytechnicien, il reprend l'entreprise familiale, Ferret-Savinel, au point d'en devenir le patron en 1978 et d'en faire un promoteur immobilier, Ferinel.
En 1981, il s'exile aux Etats-Unis où il tente d'y lancer Ferinel. Pas bien longtemps : en 1984, il revient en France pour racheter la financière Agache-Willot, qui contrôle Marcel Boussac, un conglomérat en déconfiture. Arnault n'en conserve que le grand magasin Le Bon Marché et Christian Dior, pierre angulaire de son groupe actuel, en axant sa stratégie sur les marques de luxe.
Cette période est aussi celle de « raider » pour Bernard Arnault, qui entre au capital de LVMH dans la seconde moitié des années 80, profitant d'OPA hostiles et des turbulences boursières. L'ensemble constitue le premier groupe mondial de luxe, rassemblant des marques allant de Louis Vuitton à Kenzo en passant par Guerlain, Givenchy, Chaumet, Moët & Chandon, Krug... Il est aussi un magnat de la presse française : le groupe Les Echos, Investir ou Radio Classique.
C’est ainsi qu’en 1989, Bernard Arnault est le principal actionnaire de son groupe LVMH (Louis Vuitton – Moët Hennessy), qui se positionne comme le leader mondial dans le secteur du luxe. Il occupe aussi, grâce à ses holdings de famille, la fonction de Président du Directoire de son groupe Arnault S.E.A.
Première fortune française d'après le magazine Challenges, et ce depuis 2005, et 4ème fortune mondiale selon Forbes, Bernard Arnault n'a pas renoncé à l'investissement sous toutes ses formes : immobilier, private equity, mais aussi entreprises cotées ou presse en ligne.
Ce père de cinq enfants a également investi la sphère artistique, en finançant la prestigieuse fondation Louis-Vuitton dès 2006. Le célèbre bâtiment érigé par Frank Gehry est finalisé le 18 décembre 2013. Il contribue à forger l’image de ce pianiste chevronné amoureux des belles choses.
Plusieurs scandales ont pu émailler l’ascension irrésistible de Bernard Arnault. En 2012, une polémique éclate quant à sa volonté de prendre la nationalité belge, afin de préparer sa succession sans que son empire n’éclate entre ses 5 enfants. En 2016, le film de François Ruffin Merci Patron ! dénonce les délocalisations opérées vers les pays de l’Est par l’entreprise qui se targue de produire en France. En 2017, c’est le scandale des Panama Papers qui éclabousse le PDG de LVMH en pointant du doigt les montages financiers opérés par la 4e fortune mondiale.
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,5%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,5%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,9%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (6,9%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (22,2%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2024, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 307 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (8,3%), Europe (17,2%), Japon (8,8%), Asie (27,5%), Etats-Unis (25,4%) et autres (12,8%).