Paris: le luxe en fort recul après les résultats de LVMH
Le 29 janvier 2025 à 09:34
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Paris (awp/afp) - Les poids lourds du luxe dévissent mercredi dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, après la publication de résultats annuels décevants mardi soir par le géant du secteur LVMH, première capitalisation française.
Vers 08H20 GMT, LVMH reculait de 5,16% à 711,90 euros. Kering plongeait de 7,63% à 240,60 euros et Hermès perdait 0,86% à 2.639,00 euros. Christian Dior SE cédait 5,21% à 655,50 euros.
Le groupe de cosmétique L'Oréal reculait de 2,29% à 359,20 euros.
LVMH, dirigé par Bernard Arnault, a connu un recul de son bénéfice net de 17%, à 12,55 milliards d'euros en 2024. Son chiffre d'affaires s'est replié de 2% à 84,7 milliards d'euros.
L'année a surtout été marquée par "une faiblesse en Asie", sauf au Japon, et une "période électorale incertaine" aux États-Unis, marché majeur du luxe, a commenté le dirigeant lors d'une conférence de presse mardi.
"On a eu trois ans d'euphorie en 2021, 2022 et 2023, on a une année de consolidation en 2024", a toutefois relativisé le directeur financier Jean-Jacques Guiony, en évoquant une "légère tendance à l'amélioration aux États-Unis et en Europe en fin d'année".
Reste que, "contrairement à ses pairs, les résultats de LVMH sont décevants sur le dernier trimestre", a relevé Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique chez XTB.
Un coup dur pour l'ensemble du secteur: depuis le début de l'année, des résultats meilleurs qu'attendu du britannique Burberry et du suisse Richemont avaient suscité l'espoir d'une reprise pour le luxe, plombé depuis plusieurs mois par une faible demande en Chine, un marché crucial.
Or, "LVMH reste l'indicateur de référence pour l'ensemble du secteur", a ajouté Kathleen Brooks.
Le luxe reculait par conséquent partout en Europe. A Milan, Salvatore Ferragamo perdait vers 8H25 GMT 2,77% et Moncler 1,83%. A Londres, Burberry perdait 0,76% et à Francfort, Hugo Boss cédait 1,39%.
Né à Roubaix en 1949, Bernard Arnault est fils d'un entrepreneur en bâtiment et travaux publics. Polytechnicien, il reprend l'entreprise familiale, Ferret-Savinel, au point d'en devenir le patron en 1978 et d'en faire un promoteur immobilier, Ferinel.
En 1981, il s'exile aux Etats-Unis où il tente d'y lancer Ferinel. Pas bien longtemps : en 1984, il revient en France pour racheter la financière Agache-Willot, qui contrôle Marcel Boussac, un conglomérat en déconfiture. Arnault n'en conserve que le grand magasin Le Bon Marché et Christian Dior, pierre angulaire de son groupe actuel, en axant sa stratégie sur les marques de luxe.
Cette période est aussi celle de « raider » pour Bernard Arnault, qui entre au capital de LVMH dans la seconde moitié des années 80, profitant d'OPA hostiles et des turbulences boursières. L'ensemble constitue le premier groupe mondial de luxe, rassemblant des marques allant de Louis Vuitton à Kenzo en passant par Guerlain, Givenchy, Chaumet, Moët & Chandon, Krug... Il est aussi un magnat de la presse française : le groupe Les Echos, Investir ou Radio Classique.
C’est ainsi qu’en 1989, Bernard Arnault est le principal actionnaire de son groupe LVMH (Louis Vuitton – Moët Hennessy), qui se positionne comme le leader mondial dans le secteur du luxe. Il occupe aussi, grâce à ses holdings de famille, la fonction de Président du Directoire de son groupe Arnault S.E.A.
Première fortune française d'après le magazine Challenges, et ce depuis 2005, et 4ème fortune mondiale selon Forbes, Bernard Arnault n'a pas renoncé à l'investissement sous toutes ses formes : immobilier, private equity, mais aussi entreprises cotées ou presse en ligne.
Ce père de cinq enfants a également investi la sphère artistique, en finançant la prestigieuse fondation Louis-Vuitton dès 2006. Le célèbre bâtiment érigé par Frank Gehry est finalisé le 18 décembre 2013. Il contribue à forger l’image de ce pianiste chevronné amoureux des belles choses.
Plusieurs scandales ont pu émailler l’ascension irrésistible de Bernard Arnault. En 2012, une polémique éclate quant à sa volonté de prendre la nationalité belge, afin de préparer sa succession sans que son empire n’éclate entre ses 5 enfants. En 2016, le film de François Ruffin Merci Patron ! dénonce les délocalisations opérées vers les pays de l’Est par l’entreprise qui se targue de produire en France. En 2017, c’est le scandale des Panama Papers qui éclabousse le PDG de LVMH en pointant du doigt les montages financiers opérés par la 4e fortune mondiale.
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,5%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,5%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,9%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (6,9%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (22,2%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2024, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 307 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (8,3%), Europe (17,2%), Japon (8,8%), Asie (27,5%), Etats-Unis (25,4%) et autres (12,8%).