Une rencontre fondatrice 

La rencontre initiale entre Donald Trump et Bernard Arnault remonte aux années 1980, à une époque où Arnault s'était installé à New York pour échapper aux politiques socialistes de François Mitterrand en France. Arnault, alors aspirant magnat de l'immobilier, partageait avec Trump une ambition commune dans ce secteur. Leur première interaction lors d'un dîner de charité au Plaza Hotel a marqué le début d'une relation qui allait évoluer au fil des décennies. 

Stratégies d'expansion et investissements 

Bernard Arnault, en tant que PDG de LVMH, a toujours eu un œil sur le marché américain, crucial pour le conglomérat du luxe. Pour contourner les menaces de tarifs douaniers imposés par l'administration Trump, Arnault a intelligemment déplacé une partie de la production de LVMH aux États-Unis. L'inauguration d'un atelier Louis Vuitton au Texas en 2019, en présence de Donald Trump, illustre cette stratégie. Cet investissement de 50 millions de dollars a permis de créer 1 000 emplois, renforçant ainsi l'image de LVMH comme un acteur économique majeur aux États-Unis – même si rapporté à la masse des 200 000 employés, ça semble être une goutte d'eau. 

Influence politique et lobbying 

La relation entre Arnault et Trump ne se limite pas aux affaires. Arnault a su mobiliser des lobbyistes à Washington pour défendre les intérêts de l'industrie du luxe européenne. Cette influence politique a été cruciale pour éviter que des produits phares de LVMH, comme le champagne et le cognac, ne soient touchés par les tarifs douaniers américains. En effet, malgré les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Europe, ces produits ont été épargnés, ce qui a été perçu comme un avantage stratégique pour Arnault. 

Investissements stratégiques et acquisitions 

L'acquisition de Tiffany par LVMH en 2021, pour un montant record, est un autre exemple de la manière dont Arnault a su tirer parti de sa relation avec Trump. Cette acquisition a permis à LVMH de renforcer sa présence sur le marché américain, notamment à New York, où le groupe a pris le contrôle de plusieurs emplacements clés. Pendant la rénovation du magasin phare de Tiffany, LVMH a même loué un bâtiment appartenant à Trump, renforçant ainsi les liens commerciaux entre les deux hommes. 

Le poids des USA 

Le chiffre d'affaires du groupe a plus que doublé aux Etats-Unis sur la dernière décennie (2015-2024), passant de 9,35 à 21,55 milliards d'euros et pesant aujourd'hui environ 25% du total des ventes.

Le marché américain est stratégique car plus dynamique que le vieux continent. Le consommateur américain est plus dépensier et les plus grosses fortunes vivent aux Etats-Unis. 

Adaptation aux politiques de Trump 

L'habileté d'Arnault à naviguer dans le paysage politique américain sous Trump est remarquable. En dépit des menaces de guerre commerciale, Arnault a su adapter la stratégie de LVMH pour minimiser l'impact des politiques protectionnistes de Trump. En investissant dans des sites de production aux États-Unis et en renforçant les liens avec l'administration Trump, Arnault a réussi à protéger les intérêts économiques de LVMH. 

Avec cette 47ème présidence des Etats-Unis, la relation entre Arnault et Trump pourrait continuer à jouer un rôle crucial dans la stratégie de LVMH. Les investissements continus de LVMH aux États-Unis, notamment dans le secteur des boissons avec Moët Hennessy, montrent que le groupe est prêt à s'adapter aux évolutions politiques et économiques. Alexandre Arnault, fils de Bernard Arnault, joue également un rôle clé dans cette stratégie, renforçant les liens avec Trump et préparant l'avenir de LVMH sur le marché américain. 

Un dollars fort face aux droits de douane 

L'action LVMH a été bousculée comme ses pairs par les inquiétudes concernant les droits de douanes et la force du dollar américain. Ces deux forces agissent en réalité en opposition. Depuis que le marché a intégré la probable victoire (depuis confirmée) de Donald Trump à la présidence américaine en septembre dernier, le dollar s'est renforcé (car c'est ce qu'il s'est passé en 2018 lors de son premier mandat où il avait fait en sorte que le billet vert soit fort). Nous pouvons supputer que le dollar fort compensera des droits de douanes plus élevés. 

Des différences en fonction des segments 

De plus, la politique de Donald Trump est considérée comme positive pour les actions et la création de richesse, et donc par extension pour les dépenses de luxe. Cependant, certains segments du groupe, comme les vins et spiritueux, est l'activité plus exposée à d'éventuels droits de douane car ces produits sont fabriqués en Europe. Les vins et spiritueux font probablement partie des produits de luxe les plus sensibles au prix et présentent donc le risque le plus important en termes de demande. Les autres segments du groupe français ont une plus grande implantation dans le pays de l'oncle Sam avec 23 ateliers mode et maroquinerie situés aux Etats-Unis. De plus, les ¾ de la demande américaine peuvent être satisfaits localement. Le segment montres et joaillerie est porté par Tiffany qui représente la moitié du chiffre d'affaires dont une grande partie est réalisé en Amériques. Ces deux autres segments seront donc moins touchés. 

D'ailleurs, lors de la dernière conférence de publication des résultats trimestriels de LVMH, M. Arnault a répondu à cette question d'un analyste portant sur les risques des tarifs douaniers aux Etats-Unis : "Et je reviens des États-Unis, comme vous l'avez gentiment mentionné. Et j'ai vu l'élan d'optimisme dans le pays. Et après avoir passé quelques jours aux États-Unis, vous revenez en France et c'est un peu un choc. On dirait qu'aux États-Unis, les gens vous accueillent à bras ouverts. Les taxes vont baisser à 15 %. Les ateliers que nous pouvons construire aux États-Unis sont subventionnés dans pas mal d'États, et le Président américain encourage cette pratique.

Grâce à une combinaison d'investissements judicieux, de lobbying efficace et d'adaptabilité aux politiques changeantes, Arnault a su protéger et même renforcer la position de LVMH sur le marché mondial. Alors que les défis économiques et politiques continuent d'évoluer, cette relation pourrait s'avérer encore plus cruciale dans les années à venir.