LVMH : Tiffany compte bien se marier, de gré ou de force
Le 17 septembre 2020 à 12:02
Partager
LVMH cède 0,86% à 422,50 euros alors que Tiffany accentue la pression sur le numéro un mondial du luxe. Le joaillier américain a publié un communiqué dans lequel il dénonce les manoeuvres du groupe de Bernard Arnault pour annuler l'opération ou en faire baisser son prix (16,2 milliards de dollars, ou 135 dollars par action). Il exhorte donc le tribunal du Delaware à trancher avant le 24 novembre, soit la date limite de finalisation de l'accord.
Dans sa requête, Tiffany reproche au groupe français de ne pas avoir honoré ses engagements, notamment pour solliciter dans les délais nécessaires les avis des autorités de la concurrence (lesquelles constituent des conditions à la réalisation de l'opération). A l'évidence, le groupe new yorkais entend bien se faire racheter comme convenu, et ne semble même pas rechercher le paiement d'une indemnité compensatrice, qui pourrait pourtant porter sur des dizaines de millions de dollars, en cas d'annulation du deal.
En effet rappelle Edouard Waels, avocat associé – Partner chez Bignon Lebray, la Court of Chancery de l'Etat du Delaware est une juridiction civile qualifiée pour statuer sur ce qui est appelé aux Etats-Unis les " equitable claims ".
Cette procédure permet à la partie à l'initiative du recours de solliciter l'exécution forcée d'un accord et d'obtenir du tribunal un titre à cet effet (plutôt que l'obtention d'une indemnité par exemple).
"Sur la base des éléments en notre possession (et notamment la Motion for Expedited Proceedings que nous avons pu nous procurer), Tiffany a bien pour intention d'obtenir une exécution forcée dans le cadre d'une procédure accélérée", précise l'avocat.
Selon ce dernier, si LVMH n'était pas légitime dans ses prétentions (cas de force majeure ou changement significatifs défavorables), une exécution forcée du Merger agreement serait une hypothèse tout à fait plausible.
LVMH pourrait toujours sur une base transactionnelle proposer une indemnité compensatrice à Tiffany afin de l'amener à accepter la résolution de l'opération. "On pourrait en telle hypothèse parler de très gros sous car si Tiffany obtient une décision qui lui est favorable (possibilité d'exécution forcée notamment), le rapport de force sera loin d'être idéal pour LVHM...", ajoute Edouard Waels.
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,9%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,7%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,6%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (7,7%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (21%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2023, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 097 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (7,9%), Europe (16,4%), Japon (7,3%), Asie (30,8%), Etats-Unis (25,3%) et autres (12,3%).