Paris (awp/afp) - Le milliardaire français Bernard Arnault était arrivé à la surprise générale au capital du géant de la distribution Carrefour en mars 2007, aux côtés du fonds Colony Capital. Il a annoncé en sortir définitivement mardi, alors que le groupe n'a jamais retrouvé sa valorisation de l'époque.

Quand il fait irruption au capital de l'enseigne de grande distribution, s'emparant à 50/50 avec Colony Capital de quelque 9%, l'action Carrefour oscillait autour des 50 euros.

"On sait bien que Bernard Arnault est toujours à l'affût d'opportunités", commentait alors un courtier parisien auprès de l'AFP, qui calculait que les 64 millions d'actions acquises à parts égales étaient valorisées à quelque 3,45 milliards d'euros.

Mais l'action Carrefour n'a jamais retrouvé ces niveaux de valorisation et a terminé le mois d'août 2021 sous la barre des 17 euros. Au cours de clôture de mardi (16,85 euros), la participation de 5,7% cédée affiche une valeur d'environ 757 millions d'euros.

Cette annonce "finalise le mouvement de sortie progressive du capital initié en septembre 2020" par le patron du numéro un mondial du luxe LVMH, a précisé Carrefour.

A cette date, le Crédit Agricole CIB (CACIB) avait annoncé avoir cédé environ 3,1% du capital du distributeur, pour un montant total proche de 345 millions d'euros, dans le cadre du dénouement d'opérations dérivées conclues avec une filiale de Groupe Arnault.

"Réorientation" des investissements

"Après 14 années au cours desquelles nous avons soutenu Carrefour en tant qu'actionnaire de long terme, nous avons décidé de poursuivre la réorientation de nos investissements", a expliqué Bernard Arnault dans un communiqué.

Alexandre Bompard a de son côté souligné avoir "pu compter sur la confiance et le soutien sans faille de Bernard Arnault à chaque étape de la transformation du groupe" Carrefour, qui revendique 78,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020 et plus de 320.000 salariés.

Durant ces 14 années, Carrefour a traversé de nombreuses périodes de secousses.

Après son arrivée à la tête du groupe à la mi-2017, M. Bompard, ancien PDG de Fnac-Darty, a engagé un vaste plan de transformation prévoyant notamment d'importantes réductions de coûts.

Récemment, il a lancé deux programmes de rachats d'actions, les premiers en dix ans, et annoncé le versement d'un dividende en numéraire au titre de l'année 2020, une première là encore après "presque 10 ans d'option de dividende en titres". Ce afin de soutenir le cours de Bourse selon plusieurs analystes sondés alors par l'AFP.

Mais l'action du distributeur reste inférieure au niveau où elle évoluait quand Alexandre Bompard a repris les rênes du groupe. Elle avait - temporairement - bondi lorsqu'un rapprochement avec le canadien Couche-Tard avait été évoqué par les deux acteurs, en janvier 2021, mais l'opération a été étouffée dans l'oeuf par le gouvernement français au nom de la "sécurité alimentaire" du pays.

"Avec une équipe dirigeante de grande qualité et des actionnaires familiaux reconnus, Carrefour dispose de tous les atouts pour amplifier son renouveau", a estimé Bernard Arnault mardi soir.

Les principaux actionnaires du distributeur après son départ seront la famille Moulin, qui possède les Galeries Lafayette et détenait au 31 décembre 2020 quelque 12,5% du capital, et le milliardaire brésilien Abilio Diniz, qui en possédait 7,65%.

La cession des titres de Bernard Arnault va être réalisée via un placement réservé aux investisseurs institutionnels. Le règlement-livraison du placement doit intervenir vendredi.

afp/rp