Alors que les investisseurs retiennent leur souffle lorsqu’on leur parle des valeurs du luxe, LVMH s’en sort relativement bien et prouve une fois de plus sa consistance en matière de résultats. En effet, alors que la croissance chinoise à deux chiffres est désormais loin derrière nous, on peut se demander à quel point les statistiques macroéconomiques impactent les ventes de sac à main Bella à 2800€ et les parfums Elixir sauvage à 100€. Après tout, leur objectif principal est de cultiver rêve, fantasme, réussite et inaccessibilité. Quoi de mieux que des statistiques médiocres pour renforcer cette image ? 

Le conglomérat d’entreprises exploitant plus de 70 marques de prestige, a présenté le 12 octobre son bilan des 9 premiers mois de 2021. Et dans l’idée d’effacer l’année 2020 des radars pour donner un sens à l’analyse en tendance, le groupe exprime dans son rapport sa satisfaction relative à la croissance organique de ses ventes entre 2019 et 2021.

Comparée aux 9 premiers mois de 2019, la croissance des revenus est de 11%. Ce qui est comparable au premier semestre, que ce soit par activité ou par région.

Plusieurs événements ont largement contribué à la performance de LVMH depuis le 1er janvier. On peut citer la reprise économique au sens large, mais dans le détail il semblerait que ce soit la réouverture des restaurants et la reprise des tapis rouges qui pèsent le plus dans la balance. Cependant, certaines activités du groupe souffrent toujours de la reprise très limitée des voyages internationaux. 

Avec un peu de recul, LVMH est un grand gagnant de la crise et reste une valeur intéressante en dépit de la dépréciation des régions asiatiques.

LVMH résultats Q3
Figure 1 : croissance des ventes par activité sur les 9 premiers mois de 2021. Source : LVMH

Mode & Maroquinerie : croissance organique de 38% par rapport à la même période 2019, +57% par rapport à 2020. Excellente performance de Louis Vuitton, Christian Dior, Fendi et Céline. Les ventes aux US et en Asie poursuivent leur croissance à deux chiffres.

Vins & Spiritueux : croissance organique de 10% par rapport à 2019, +30% par rapport à 2020. Les volumes de vente de champagne sont en hausse de 7% par rapport à 2019, fruit de l’afflux massif des excités dans les restaurants ainsi que de l’épargne générée pendant les différents confinements. 2021 est marquée par l’intégration de la maison de champagne de prestige Armand de Brignac dans laquelle LVMH a pris une participation de 50%.

Parfums & Cosmétiques : ventes en recul de 2% à périmètre et devises comparables par rapport à 2019, +30% par rapport à 2020. La reprise limitée des voyages internationaux et la fermeture de nombreux points de vente permettent d’expliquer ce recul. Les marques continuent de limiter les promotions et développent leurs ventes en ligne sur leur propre site internet. Le groupe souligne les performances des parfums et eaux de parfum Miss Dior et Elixir Sauvage chez Dior ainsi que Abeille Royale et Rouge 540 chez Guerlain et Maison Francis Kurkdjian. 

Montre & Joaillerie : croissance organique de 4% par rapport à 2019, +49% par rapport à 2020. Ces chiffres n’intègrent pas la performance remarquable de Tiffany & Co, consolidé pour la première fois en 2021. Succès du lancement de la montre Super Mario chez Tag Heuer.

Distribution sélective : recul de 23% par rapport à 2019, +13% par rapport à 2020. Sephora retrouve ses niveaux de ventes d’avant crise en dépit d’un environnement commercial pénalisant. Comme pour la plupart des autres acteurs, les ventes en ligne sont en forte progression et compensent en partie ces pertes. Le groupe DFS est évidemment pénalisé par les niveaux de trafic aéroportuaire.

Le groupe poursuit donc sa sortie progressive de la crise sanitaire avec brio. Les dirigeants expriment leur confiance dans la poursuite de la croissance actuelle. Les objectifs restent les mêmes : renforcer la désirabilité des marques, l’authenticité et les qualités des produits et se féliciter pour la réactivité de son organisation pendant la crise sanitaire.

Etats financiers LVMH
Figure 2 : éléments financiers principaux du groupe LVMH. Zonebourse avec Bloomberg.

Du point de vue technique, le cours est tout de même sorti de son canal de tendance haussier et accuse les publications de statistiques asiatiques médiocres. La valeur sous-performe le CAC40 depuis quelques semaines, indice dans lequel le groupe pèse plus de 14% ! La résistance à 674.5 € reste un obstacle, alors que le cours se balade entre sa MM100 et MM200 en période journalière.

LVMH cours
Figure 3 : évolution du cours de l'action LVMH en période journalière. Zonebourse avec ProRealTime