Paris (awp/afp) - Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, est aussi à la tête d'une famille nombreuse de cinq enfants et prépare pas à pas, depuis des années, sa succession tout en tenant les rênes du groupe.

"Le moteur de mon action au quotidien, est que le groupe LVMH reste en France et qu'il demeure la propriété de ma famille le plus longtemps possible", déclarait l'homme d'affaires en juillet 2018 au magazine Challenges.

Son groupe est un mastodonte, avec un chiffre d'affaires de 64,2 milliards d'euros et un bénéfice net de 12 milliards d'euros en 2021.

Depuis plusieurs jours, la famille Arnault trône même en tête du classement des plus grandes fortunes mondiales du magazine Forbes, avec un patrimoine de près de 187 milliards de dollars, au coude-à-coude avec Elon Musk, le patron de Tesla, de SpaceX et de Twitter.

Aujourd'hui, les cinq enfants Arnault travaillent dans le groupe LVMH.

Delphine, 47 ans, est directrice générale adjointe de Louis Vuitton et Antoine, 45 ans, est à la tête de l'image et de la communication de LVMH et directeur général de Berluti. Alexandre, 30 ans, est vice-président exécutif de Tiffany. Frédéric, 27 ans, PDG de Tag Heuer et Jean, 24 ans, directeur du marketing et du développement des montres pour Louis Vuitton.

Les deux aînés, Delphine et Antoine, nés d'un premier mariage, sont également membres du conseil d'administration de LVMH.

Deux cousins -enfants de Dominique, soeur de Bernard Arnault- ont aussi trouvé leur place au sein du groupe: Ludovic Watine Arnault est directeur d'e-commerce de Dior et sa soeur Stéphanie est fondatrice du site Clos 19 qui distribue les vins, champagnes et spiritueux de LVMH.

La nomination vendredi d'Antoine, en tant que directeur général de la holding Christian Dior SE, qui contrôle LVMH, "s'inscrit dans le cadre de la transformation de la société Agache en société en commandite" qui avait été annoncée en juillet dernier, selon le communiqué.

Agache est la holding familiale qui chapeaute Christian Dior SE.

"A la fin c'est toujours lui qui tranche"

La commandite est reconnue pour ses caractéristiques facilitant la transmission au sein d'une entreprise familiale. Elle permet par ailleurs de dissocier gestion et propriété du capital et constitue aussi une arme dissuasive contre les offres publiques d'achat (OPA) hostiles.

Agache doit rester intégralement détenue par la famille Arnault.

"Il y a un souhait de maintien du contrôle familial et d'éviter le démembrement. C'est la ligne directrice de ce qui a été fait jusqu'à présent : garder l'unité de l'empire et garantir une pérennité du contrôle", explique à l'AFP un connaisseur du groupe.

Déjà en 2013, Bernard Arnault avait exprimé dans une interview au Monde ce souci "d'assurer la pérennité et l'intégrité du groupe LVMH si (il) venait à disparaître et si (ses) ayants droit devaient ne pas s'entendre". Il venait alors de renoncer à demander la nationalité belge et faisait son mea culpa, après avoir suscité avec cette démarche un tollé pendant plusieurs mois, en plein débat sur la taxation et l'exil fiscal des plus fortunés.

Bernard Arnault avait réaffirmé n'avoir jamais souhaité quitter la France ni échapper à l'impôt et expliqué que sa démarche était patrimoniale, pour que ses enfants ne puissent pas défaire l'oeuvre qu'il a construite, s'ils "devaient ne pas s'entendre" après sa mort.

Pour autant, Bernard Arnault entend bien rester le patron. Lors de l'assemblée générale annuelle, l'âge limite du directeur général de LVMH a été repoussé de 75 ans à 80 ans, permettant à son PDG, âgé de 73 ans, de prolonger son mandat.

Au journal Le Monde qui relatait les réunions familiales durant lesquelles le patriarche soumet les décisions concernant les plus de 75 marques du groupe, Jean Arnault répondait "ne vous y trompez pas, à la fin, c'est toujours lui qui tranche".

afp/al