Londres (awp/afp) - Les perspectives d'embauches sont au plus bas en 20 ans dans le monde à cause de la pandémie de coronavirus, d'après une étude publiée mardi par le groupe de recrutement Manpowergroup, qui attend toutefois un vif rebond d'ici douze mois.

D'après l'étude, plus de la moitié des employeurs sondés dans le monde "font preuve d'un optimisme prudent" et s'attendent à un rebond des perspectives pour l'emploi à leur niveau d'avant la pandémie de Covid-19 d'ici douze mois.

Aux Etats-Unis, le marché du travail s'est transformé "du jour au lendemain, certains secteurs cessant les embauches instantanément, d'autres, y compris dans la santé, le commerce en ligne ou la logistique enregistrant des hausses immédiates", a commenté le PDG de Manpowergroup Jonas Prising, dans des déclarations à l'AFP.

Toutefois, au moment où certains Etats américains rouvrent leur économie, "certaines professions essentielles restent en demande, comme les techniciens, notamment les programmeurs de logiciels et applications, ou mêmes certaines nouvelles fonctions dans la prise de température (dans les lieux publics) ou le traçage de contacts", poursuit-il.

Au Royaume-Uni, les perspectives d'embauches sont tombées à un plus bas depuis au moins 1992, quand Manpowergroup a commencé à collecter ces données, selon un communiqué, avec une forte chute à travers tous les secteurs majeurs, notamment l'hôtellerie, le tourisme, l'aviation, la restauration et la distribution.

"Près de la moitié des employeurs ont signalé que 50% de leur activité normale voire plus avait été suspendue" à cause de la pandémie, note l'étude, qui qualifie l'impact de la pandémie de "sans précédent".

Les transports (notamment des services logistiques qui approvisionnent les pubs) et les services de communications qui comprennent les organisations de conférences et d'événements, annulés jusqu'à nouvel ordre, font également partie des secteurs les plus touchés.

A l'inverse, les perspectives d'embauches ont augmenté pour les prochains mois dans l'agriculture à cause de la saison des récoltes, d'après l'étude de Manpowergroup.

Pour certains secteurs durement impactés comme la restauration, l'hôtellerie ou la distribution - au Royaume-Uni et notamment aussi en France - "il reste de grosses interrogations" et il n'est pas certain qu'ils reviennent rapidement aux niveaux d'embauche pré-Covid 19.

Certains "restaurants se montrent très créatifs et gardent leurs cuisines ouvertes en livrant directement aux clients plutôt que de les servir en salle", relève Chris Gray, directeur de Manpowergroup UK, interrogé par l'AFP.

Dans le reste du monde, les plus fortes intentions d'embauches sont anticipées au Japon d'après l'étude, suivi de l'Inde et des Etats-Unis.

Le PDG de Manpowergroup souligne aussi que le coronavirus aura un impact profond sur le monde du travail: la pandémie "va accélérer la transformation que nous avons suivie depuis quelques temps. Les employeurs vont continuer à rechercher des qualifications techniques particulières et certains profils (soft skills)" de communication, décision, etc.

Il prévoit aussi une "accélération de l'informatisation de l'économie", tandis que les employés, qui ont montré avec le confinement dans de nombreux pays qu'ils "savaient apprendre rapidement de nouvelles techniques", vont demander des manières de travailler "plus inclusives, souples et plus orientées vers le bien-être".

afp/al