Le groupe italien de médias Mediaset a déclaré vendredi qu'il ne permettrait pas à la fiducie détenant la majeure partie de la participation du groupe français Vivendi à son capital de voter lors de son assemblée générale annuelle.

Vivendi et Mediaset s'affrontent depuis que le conglomérat français a abandonné en 2016 un accord pour acheter la division de télévision à péage de Mediaset. Vivendi, dirigé par l'homme d'affaires Vincent Bolloré, a ensuite pris une participation de 29% dans Mediaset, ce que le groupe italien considère comme une approche hostile.

Les deux tiers de la participation de Vivendi dans Mediaset sont détenus par le biais d'une fiducie appelée Simon Fiduciaria. Celle-ci a été mise en place après une décision de l'autorité italienne de surveillance des télécommunications concernant la présence excessive de Vivendi dans les secteurs des médias et des télécommunications du pays.

Le groupe français détient également une participation de 24% dans l'opérateur de télécommunications Telecom Italia.

La querelle de longue date entre Mediaset et Vivendi s'est envenimée l'an dernier lorsque Mediaset, contrôlé par la famille Berlusconi, a lancé un projet de fusion de ses divisions italiennes et espagnoles sous une holding néerlandaise baptisée MediaforEurope (MFE), afin de développer des alliances avec d'autres groupes de médias en Europe dans le but de mieux résister à la concurrence de Netflix et Google par exemple.

Vivendi, qui s'oppose au projet, a lancé des recours devant plusieurs tribunaux en Europe. Le groupe français craint que cette nouvelle structure ne renforce l'emprise des Berlusconi sur Mediaset.

Le président de Mediaset, Fedele Confalonieri, devait à nouveau défendre la pertinence du projet MFE dans son discours d'ouverture de l'assemblée générale, dont Reuters a pu consulter une copie.

"Il ne s'agit pas seulement d'économies ou d'efficience, c'est en réalité davantage une question de nouvelles possibilités et opportunités de croissance, qui aujourd'hui ne peuvent pas être exploitées en restant à une échelle locale", a-t-il dit, en précisant que d'autres groupes de télévision européens partageaient ce point de vue.

"C'est pourquoi, au cours des dernières semaines - y compris pendant l'état d'urgence sanitaire - nous avons reçu de nombreuses marques d'intérêt de la part à la fois d'investisseurs financiers et de partenaires industriels, au sujet des perspectives qui s'ouvrent."

(Elvira Pollina et Agnieszka Flak ; version française Blandine Hénault et Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)