BRUXELLES (dpa-AFX) - Malgré l'opposition de l'Allemagne, les droits de douane supplémentaires de l'UE sur les importations de voitures électriques en provenance de Chine sont entrés en vigueur à minuit. Les taxes supplémentaires s'appliqueront pendant cinq ans. La Commission européenne a adopté mardi un règlement en ce sens.
Au début du mois, une majorité suffisamment importante de pays de l'UE avait voté en faveur de ces droits de douane. L'Allemagne a voté contre, craignant un nouveau conflit commercial majeur et d'éventuelles représailles contre les fabricants allemands. Questions et réponses.
Pourquoi des droits supplémentaires sont-ils imposés ?
Du point de vue de la Commission européenne, les droits compensateurs sont nécessaires pour assurer l'avenir à long terme de l'industrie automobile dans l'UE. Une étude a montré que les constructeurs chinois bénéficient de subventions inéquitables qui leur confèrent un avantage considérable sur le marché européen. Selon cette étude, les voitures électriques chinoises peuvent normalement être vendues environ 20 % moins cher que les modèles fabriqués dans l'UE. En juillet, la Commission européenne avait déjà introduit des droits compensateurs provisoires.
Les négociations visant à trouver une solution à l'amiable au différend commercial n'ont pas abouti jusqu'à présent. L'une des options envisagées est que les concessionnaires de voitures électriques puissent prendre des engagements de prix et ainsi éviter les droits de douane. Sur le plan technique, les négociations se sont poursuivies après la décision sur les taxes d'équilibrage, a déclaré la Commission.
Quel est le montant des droits de douane ?
Les voitures électriques du fabricant BYD seront soumises à une taxe supplémentaire de 17,0%, comme l'indique le règlement. Pour les véhicules électriques du producteur Geely, le taux est de 18,8%. Le taux maximum est de 35,3 %. Selon la Commission européenne, les taux de droit individuels ont été fixés sur la base de l'enquête qu'elle a menée et sont censés refléter la situation individuelle des entreprises. Les droits s'ajoutent à un droit de douane déjà existant de 10 pour cent.
Quelles sont les craintes de l'Allemagne ?
Pour l'industrie allemande, le conflit commercial est une préoccupation majeure car la Chine est le plus grand marché automobile du monde et les entreprises craignent de perdre l'un de leurs principaux débouchés. Des entreprises allemandes comme VW, Mercedes et BMW y produisent non seulement des voitures spécialement destinées au marché chinois, mais aussi à l'exportation.
L'association de l'industrie automobile a averti que les droits de douane augmentaient non seulement le risque d'un conflit commercial entre les deux parties, mais que les véhicules devenaient également plus chers pour les consommateurs. En outre, le développement de l'électromobilité et donc la réalisation des objectifs climatiques seraient freinés dans une "phase particulièrement critique", a déclaré un porte-parole à l'agence de presse allemande.
L'ADAC a également craint une réaction de la Chine, avec des conséquences négatives pour les consommateurs. "Pour la montée en puissance de l'électromobilité, il est important de disposer d'une grande diversité d'offres sur le marché automobile, indépendamment de leur origine. En revanche, des pénalités pourraient faire disparaître certains modèles du marché", a déclaré une porte-parole à la dpa.
A Bruxelles, certains estiment que cette position est surtout le fait de hauts dirigeants de constructeurs automobiles. On leur reproche de vouloir avant tout réaliser de bons chiffres à court et moyen terme et de ne pas trop se soucier de la survie à long terme de l'industrie automobile.
Quelles sont les conséquences de la Chine ?
On ne sait pas encore comment la Chine réagira à l'importation définitive des droits de douane. Le gouvernement de Pékin accuse l'UE de protectionnisme et a surtout menacé par le passé d'augmenter les droits de douane sur les importations de véhicules à combustion de grande cylindrée de l'UE vers la République populaire. Les constructeurs automobiles allemands seraient particulièrement touchés.
En guise de représailles, la Chine a également commencé à envisager des taxes supplémentaires sur les importations de viande de porc et de produits laitiers. Une enquête sur les eaux-de-vie, qui touche principalement les producteurs français, a déjà conduit à des mesures provisoires. Les entreprises qui importent des boissons alcoolisées en Chine doivent verser une caution de 30,6% à 39% de la valeur de la marchandise aux douanes chinoises.
Que doivent craindre les constructeurs automobiles en Chine ?
Les droits de douane supplémentaires ne concernent pas seulement les marques chinoises comme BYD ou Geely, mais aussi les constructeurs allemands. En effet, la mesure ne vise pas exclusivement les voitures électriques chinoises, mais les véhicules fabriqués en Chine. Des entreprises allemandes comme VW, Mercedes et BMW y produisent non seulement des voitures spécialement destinées au marché chinois, mais aussi à l'exportation. Les constructeurs ne sont pas favorables aux droits de douane et craignent à leur tour des mesures de rétorsion de la part de la Chine./rdz/DP/zb