Merck se voit reprocher d’avoir, en mars 2017, commercialisé une nouvelle formule du Levothyrox sans en avoir informé les trois millions de patients français en traitement. Un certain nombre d’entre eux ont ressenti de nombreux effets secondaires.

Près de 300 se sont présentés physiquement à l’audience civile et le procès a dû être délocalisé pour l’occasion dans une salle de conférence de Villeurbanne aménagée à cet effet.

"J’accuse Merck d’avoir su que le changement de formule allait avoir des conséquences néfastes sur la santé des malades. J’accuse Merck d’avoir fait peu de cas de ces malades. J’accuse Merck de faire prévaloir les intérêts financiers de ses actionnaires plutôt que ceux de ses malades", a plaidé Christophe Lèguevaques, avocat du collectif de patients et créateur d’un site d’actions collectives.

Il a affirmé qu’aucune mention du changement de formule n’avait été indiqué sur les boites de médicaments délivrées à partir de mars 2017 et que les médecins et pharmaciens n’avaient que partiellement été tenus au courant de ce changement.

L'une des plaignantes, Laura Lux, 47 ans, en traitement depuis 25 ans, a dit à Reuters avoir "ressenti des vertiges, des maux de tête, des bourdonnements, des troubles de la mémoire, un mois après avoir commencé à prendre la nouvelle formule".

"Mon état s’est dégradé pendant des mois avant que mon médecin n’attribue mes maux à la nouvelle formule du Levothyrox mais mon médecin n’avait pas été informé par le laboratoire", a-t-elle ajouté.

Elle se procure depuis l’ancienne formule du médicament en Italie et confie avoir fait des stocks pour trois ans afin de ne pas devoir revenir à la nouvelle formule française.

La défense de Merck a remis en cause la compétence du tribunal d’instance de Lyon et s’est employée à montrer que l’information des professionnels de santé avait été réalisée.

Elle a également mis en doute les effets secondaires décrits de la nouvelle formule par les patients atteints de troubles, demandant des expertises médicales.

Merck a ajouté avoir changé sa formule à la demande de l’agence du médicament pour éviter les réactions au lactose chez certains patients.

"On savait qu’une petite partie des patients pouvait être affectés par un changement d’excipient et on a envoyé des notes d’information par email, mais également sous forme de fiches papier, aux médecins, ainsi qu’aux pharmaciens", a dit son avocat, Jacques-Antoine Robert.

La décision a été mise en délibéré au 5 mars 2019.

(Catherine Lagrange, édité par Yves Clarisse)