New York (awp/afp) - Applaudi par des personnalités évincées de Twitter, Donald Trump en tête, et des figures de la droite conservatrice américaine, le rachat du réseau social par Elon Musk suscite aussi des menaces de boycott et les craintes des partisans d'une solide modération des contenus.

"Twitter est désormais entre de bonnes mains, et ne sera plus dirigé par les fous de la gauche radicale qui détestent véritablement notre pays", a réagi vendredi l'ancien président américain Donald Trump, sur sa propre plateforme, Truth Social.

Le républicain n'a toutefois pas dit s'il prévoyait de retourner sur Twitter, dont il avait été banni après l'assaut du Capitole.

Elon Musk, qui se présente comme un "absolutiste de la liberté d'expression", a dit vouloir lever cette interdiction quand il prendrait le contrôle du réseau social.

Son arrivée à la tête de l'entreprise a été rapidement saluée par des partisans de Donald Trump, comme la parlementaire Marjorie Taylor Green qui a tweeté, en lettres capitales, "LIBERTE D'EXPRESSION!!!!".

"Elon Musk a indiqué qu'il s'opposerait à la censure des Big Tech et soutiendrait la liberté d'expression. C'est quelque chose que tous les gens épris de liberté peuvent soutenir", a souligné la sénatrice Marsha Blackburn.

L'ex-président russe, Dmitri Medvedev, a pour sa part souhaité "bonne chance" à Elon Musk pour "surmonter les préjugés politiques et la dictature idéologique".

Autre personnalité évincée de Twitter, en 2021 pour des propos haineux, l'actrice indienne et star de Bollywood Kangana Ranaut a de son côté partagé sur Instagram des messages appelant à la fin de son bannissement.

La première décision de l'entrepreneur, qui a confirmé l'acquisition en écrivant simplement "l'oiseau est libéré" en référence au surnom de Twitter, a toutefois été de licencier jeudi plusieurs dirigeants, dont le directeur général et le directeur financier.

Abonnés perdus

Plus tôt dans la journée jeudi, il a aussi publié un message à destination des annonceurs, assurant que Twitter ne pouvait pas être une plateforme "infernale", "où tout peut être dit sans conséquence".

Cette affirmation n'a pas apaisé les craintes d'associations militant pour la modération des contenus sur internet.

"S'il apporte ne serait-ce qu'une fraction des changements qu'il a suggérés, la plateforme ouvrira les vannes à la désinformation et aux discours de haine et rétablira de nombreux comptes dangereux et abusifs", a remarqué dans un communiqué l'ONG Media Matters for America.

Dans la mesure où 90% des revenus de Twitter viennent de la publicité, avance l'ONG, il reviendra aux annonceurs de retirer leur soutien financier au groupe si l'arrivée d'Elon Musk se traduit effectivement par un "déluge" de haine et de désinformation.

La militante féministe Amy Siskind a affirmé sur Twitter avoir "déjà perdu des milliers d'abonnés" ayant fui la plateforme, "des centaines" ayant "migré vers Facebook semble-t-il".

"Ma prédiction est que cette plateforme sera similaire à Trump Social (le surnom donné à Truth social, NDLR) et ses semblables, se détériorera et deviendra inutile avec le temps", écrit-elle, en soulignant toutefois qu'elle prévoit d'y garder un compte au moins jusqu'aux élections du 8 novembre.

Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a pour sa part prévenu que Twitter devrait respecter la nouvelle réglementation de l'UE sur le numérique contraignant les grandes plateformes à modérer les contenus.

"En Europe, l'oiseau volera selon nos règles européennes", a-t-il tweeté.

Jeff Jarvis, professeur de journalisme à l'université new-yorkaise CUNY, s'inquiète de son côté pour le fonctionnement du réseau social après le licenciement de ses principaux dirigeants.

Le nouveau propriétaire "ne fait pas +le ménage+. Il purge la société d'adultes responsables possédant une expertise et une expérience", écrit-il sur Twitter.

Pour l'entrepreneur et figure médiatique Mark Cuban, "la seule attente qu'on puisse avoir d'Elon Musk est qu'il fera preuve d'indépendance pour montrer à tous qui est à la barre".

afp/rp