MOSCOU, 23 août (Reuters) - Le premier groupe internet de Russie, Yandex, a annoncé mardi qu'il avait accepté de vendre son agrégateur d'informations et sa page d'accueil yandex.ru à son rival VK, une opération susceptible de limiter davantage l'accès des Russes aux médias indépendants.

L'opération marque un changement important dans le paysage internet russe, Yandex cédant de fait le contrôle de la distribution du contenu en ligne à une entreprise contrôlée par l'état.

VK gère déjà le plus grand réseau social de Russie, VKontakte, tandis que Moscou a bloqué l'accès à certaines plateformes étrangères, dont celles de Meta Platforms.

La répression des médias indépendants menée par la Russie depuis des années s'est fortement intensifiée après l'envoi de troupes en Ukraine, avec l'adoption d'une loi interdisant ce qu'elle appelle les "fausses informations" sur les forces armées, ce qui limite la libre diffusion de l'information.

La société Yandex, cotée au Nasdaq et souvent surnommée le "Google russe", s'est pliée ces dernières années aux exigences de Moscou sous la menace d'amendes, suscitant des critiques concernant l'impact sur la liberté des médias.

Moscou n'a pas bloqué l'accès à la plupart des médias en langue étrangère, qui restent librement accessibles en Russie et sur Yandex, mais les résultats de recherche restreignent l'accès à tous les sites interdits par le régulateur des communications Roskomnadzor, dont beaucoup sont des médias indépendants en langue russe.

Un ancien responsable de Yandex News, Lev Gershenzon, a décrit Yandex en mars comme un élément clé dans la dissimulation d'informations sur le conflit en Ukraine. Yandex a nié être complice de la censure.

Yandex domine le marché russe de la recherche en ligne avec une part d'environ 62%, selon son propre outil d'analyse Yandex Radar. Google représente environ 36%, et mail.ru de VK moins de 1%. (Reportage Reuters; version française Elitsa Gadeva, édité par Kate Entringer)