Alors que beaucoup pensaient le Metaverse relégué aux oubliettes, Andrew Bosworth a relancé le débat dans un post publié sur Business Insider. Il y explique que cette année pourrait sceller le destin du projet de Meta, entre consécration et échec retentissant. Une déclaration qui remet en lumière l’obsession de Zuckerberg pour la création d’un univers numérique et les innovations matérielles et logicielles qui gravitent autour.

Metaverse et Web3 : les lubies de Zuckerberg

Pour ceux qui auraient oublié (ou réussi à l’ignorer), le Metaverse est un univers numérique interactif où l’on évolue sous forme d’avatar, une idée qui date de 1992. Sur le papier, cela ressemble davantage à un jeu vidéo qu’à une révolution technologique, mais son ambition est de créer un espace social alternatif, sorte de réseau social nouvelle génération.

L’idée du Metaverse a pris de l’ampleur grâce aux moyens colossaux mis en œuvre par Meta et à son ancrage dans les technologies émergentes, notamment la réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR). Alors que la VR plonge totalement l’utilisateur dans un environnement numérique, l’AR superpose une interface virtuelle au monde réel.

Un autre élément clé du Metaverse, du moins selon la vision de Zuckerberg, était son intégration dans le Web3, un internet décentralisé. Il est souvent associé à la blockchain, la même technologie qui alimente les cryptomonnaies et les NFT. En 2021, convaincu que le futur du numérique passait par cette convergence entre VR et Web3 Mark Zuckerberg a rebaptisé son entreprise, abandonnant Facebook Company pour devenir Meta Platforms.

L’importance du matériel

Ce qui différencie le Metaverse de Meta d’un jeu comme Habbo (où les joueurs interagissaient via des avatars dès le début des années 2000), ce sont les technologies sous-jacentes : la VR et l’AR. Meta s’est positionné sur ces technologies dès 2014 en rachetant Oculus Rift pour 2 milliards de dollars, faisant de la VR un pilier de son projet.

Pourtant, la VR peine toujours à convaincre. Un journaliste de Canard PC explique qu’il peine à trouver un casque satisfaisant et que la technologie reste largement niche. Le PSVR2 de Sony, par exemple, n’a pas trouvé son public et n’est même plus en production. Seule exception notable, les lunettes Ray-Ban connectées de Meta connaissent un certain succès, mais l’Apple Vision Pro, annoncé comme une révolution, est le gadget le plus rapidement stoppé par Apple.

Le problème est clair : cette technologie, censée être la porte d’entrée du Metaverse, n’a pas encore trouvé son marché. Entre un matériel trop coûteux ou trop limité technologiquement et un manque d’applications convaincantes, on se demande comment Meta espère relancer la machine en 2025.

Des projets en pagaille

Un des obstacles majeurs rencontrés par Meta est qu’il n’a jamais été le premier sur le marché du Metaverse. D’autres entreprises avaient déjà des projets similaires, parfois mieux intégrés. Dans l’univers du gaming, Roblox et Fortnite sont souvent considérés comme des formes de Metaverse en raison de leur capacité à créer des espaces interactifs en ligne.

Dans le Web3, des projets comme Decentraland et The Sandbox, basés sur la blockchain Ethereum, ont déjà attiré l’attention des investisseurs et des entreprises. Des célébrités comme Snoop Dogg y ont acheté des propriétés numériques en NFT, tandis que JPMorgan et Samsung y possédaient leurs propres espaces virtuels.

De son côté, Meta a également tenté de nouer des partenariats, notamment avec Carrefour, dans l’idée d’intégrer le Metaverse à l’expérience de shopping et au recrutement. Mais ces initiatives n’ont pas marqué les esprits et semblent avoir été abandonnées en silence.

Un avenir pour le Metaverse made in Meta ?

“Cette année sera également une année charnière pour le Metaverse. Le nombre de personnes utilisant Quest et Horizon n'a cessé de croître. Et c'est une année où un certain nombre d'investissements à long terme sur lesquels nous avons travaillé et qui rendront le Metaverse visuellement plus époustouflant et inspirant commenceront vraiment à porter leurs fruits. Je pense donc que nous en saurons beaucoup plus sur la trajectoire d'Horizon d'ici la fin de cette année.” Ces mots, prononcés par Mark Zuckerberg lors de la dernière déclaration trimestrielle de Meta, laissent entendre que l’entreprise n’a pas dit son dernier mot.

Reste à savoir à quel point l'année 2025 sera réellement décisive. Si Meta veut prouver que le Metaverse a un avenir, il devra rendre l’expérience plus accessible et compréhensible pour le grand public, qui peine encore à en saisir l’intérêt et l’associe systématiquement à la blockchain. 

Si 2025 ne s'impose toujours pas comme l'année du Métaverse et que l'aventure tourne à la “mésaventure légendaire”, Meta pourrait bien reléguer cette ambition au rang de souvenir. Dans ce scénario, on pourrait même assister à la suppression complète de la filiale et à la disparition de nombreux postes liés, de près ou de loin, à cet univers virtuel. Reste à savoir quel sort sera réservé à la VR, notamment à la branche en charge du casque Meta Quest. La question demeure : comment réagira Mark Zuckerberg si le Métaverse, auquel il semble tant attaché, venait à échouer ?