Les États-Unis et l'Union européenne entretiennent les relations commerciales les plus importantes au monde, avec des échanges de biens et de services d'une valeur de 1 500 milliards d'euros (1 550 milliards de dollars) en 2023.
La semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l'Union européenne "réagirait fermement" si elle était prise pour cible de manière injuste ou arbitraire. Voici la ligne de conduite que l'UE pourrait adopter.
DROITS DE DOUANE DE RÉTORSION
En 2018, après que M. Trump a imposé des droits de douane sur 6,4 milliards d'euros d'importations européennes d'acier et d'aluminium, l'UE a riposté en imposant ses propres droits de douane sur 2,8 milliards d'euros de produits américains. Des droits de douane sur 3,6 milliards d'euros d'importations américaines supplémentaires devaient entrer en vigueur trois ans plus tard, mais n'ont pas été imposés après que Joe Biden est devenu président des États-Unis et que les deux parties ont convenu d'une trêve.
Les droits de douane de l'UE visaient l'acier et l'aluminium américains, mais aussi des produits concentrés dans des États ayant voté pour Trump, tels que le whisky bourbon du Kentucky, les motos de Harley Davidson basées dans le Wisconsin et le jus d'orange de Floride.
L'UE pourrait adopter une stratégie similaire de mesures de "rééquilibrage" cette fois-ci également, bien que Washington ait plus de choses à cibler que Bruxelles. Les importations de biens américains dans l'UE s'élèveront à 347 milliards d'euros en 2023, contre 503 milliards d'euros d'exportations, selon l'agence de statistiques de l'UE Eurostat.
INSTRUMENT DE LUTTE CONTRE LA COERCITION
L'instrument de l'UE contre la coercition (ACI), qui est entré en vigueur à la fin de l'année 2023, permet à l'Union de prendre des mesures de rétorsion à l'encontre des pays tiers qui exercent une pression économique sur les membres de l'UE pour qu'ils modifient leurs politiques, et offre un champ d'action beaucoup plus large.
Outre l'imposition de droits de douane sur les marchandises, l'UE peut limiter l'accès des entreprises d'un pays tiers aux appels d'offres pour les marchés publics ou prendre des mesures affectant le commerce des services ou les investissements.
Si les États-Unis accusent un déficit commercial avec l'UE en ce qui concerne les marchandises, ils affichent un excédent dans le domaine des services, notamment les services numériques fournis par des entreprises telles qu'Amazon, Microsoft, Netflix ou Uber.
L'UE peut également restreindre la protection des droits de propriété intellectuelle, limiter l'accès des sociétés de services financiers aux marchés de l'UE et restreindre la capacité des entreprises à commercialiser des produits chimiques et agroalimentaires dans l'UE.
L'ACI a été proposé en 2021 en réponse aux critiques des membres de l'UE selon lesquelles la première administration Trump et la Chine utilisaient le commerce comme un outil politique. La Chine a ciblé la Lituanie, selon des responsables lituaniens, après qu'elle a permis à Taïwan d'installer une ambassade de facto à Vilnius.
La loi donne à la Commission jusqu'à quatre mois pour examiner les éventuels cas de coercition et proposer des mesures aux États membres de l'UE, qui disposent d'environ deux mois supplémentaires pour les approuver. La Commission peut suspendre toute mesure pendant six mois, le temps de trouver une solution diplomatique.
BIG TECH
Au-delà de la politique commerciale officielle, l'Union européenne dispose d'un certain nombre de moyens pour freiner les activités des grandes entreprises technologiques américaines, dont les PDG ont souvent occupé des places de choix lors de l'investiture de M. Trump.
L'UE mène actuellement des enquêtes contre Apple, Alphabet, X et Meta en vertu de la loi sur les marchés numériques (DMA), qui impose des obligations en matière d'ententes et d'abus de position dominante, et de la loi sur les services numériques (DSA), qui porte sur la modération des contenus.
Elle est également susceptible d'ajouter Amazon à la liste, selon Reuters.
La DMA prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires mondial ou 20 % en cas de récidive. Pour la DSA, l'amende maximale est de 6 % du chiffre d'affaires.
Mark Zuckerberg, chef de Meta, a demandé à M. Trump d'empêcher l'UE d'infliger des amendes aux entreprises technologiques américaines. Elon Musk, allié de Trump, s'est heurté à plusieurs reprises aux régulateurs de l'UE.
Une autre solution consiste à taxer les fournisseurs de services numériques. L'UE a suspendu ses travaux sur la taxe sur les services numériques pour permettre à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de trouver une solution plus large, en publiant en 2023 un projet de traité multilatéral qui doit encore être finalisé.
Un certain nombre de pays de l'UE, comme la France, appliquent des taxes sur les services numériques. Lors de son premier mandat, Trump a réagi en imposant des droits de douane, qui ont ensuite été suspendus par M. Biden. (1 dollar = 0,9695 euro) (Reportage de Philip Blenkinsop ; reportage complémentaire de Leigh Thomas à Paris ; édition de Peter Graff)