d'électricité

ajoute Ukrenergo

KIEV (awp/afp) - Quinze civils ont péri vendredi dans un bombardement russe sur Kherson, dans le sud de l'Ukraine, deux semaines après le retrait contraint des troupes russes de cette ville stratégique, alors que des millions de foyers sont privés de courant dans tout le pays en raison des frappes de Moscou.

La stratégie russe de viser les infrastructures essentielles, au moment où l'Ukraine a basculé dans des températures hivernales, est constitutive de "crimes de guerre" pour les alliés occidentaux de l'Ukraine, et qualifiée de "crime contre l'humanité" par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le bombardement le plus meurtrier de ces derniers jours a frappé Kherson: "15 habitants de la ville ont été tués et 35 blessés, dont un enfant", a affirmé Galyna Lugova, une responsable de l'administration militaire de la ville, sur les réseaux sociaux. Elle a précisé que plusieurs "maisons privées et des immeubles de grande hauteur" avaient été endommagés.

"Les envahisseurs russes ont ouvert le feu sur un quartier d'habitations à l'aide de lance-roquettes multiples. Un grand immeuble a pris feu", avait précisé plus tôt Iaroslav Ianouchevitch, gouverneur de la région de Kherson. "En raison des bombardements russes constants, nous évacuons les patients des hôpitaux de Kherson".

Le ministère ukrainien de la Réintégration des territoires temporairement occupés a précisé en soirée qu'un train avait quitté Kherson pour Khmelnytskyi "avec les 100 premiers citoyens de Kherson ayant bénéficié de l'évacuation du gouvernement, dont 26 enfants, sept patients alités et six personnes handicapées".

Le retrait russe de Kherson, dont Moscou espérait faire sa base dans le sud de l'Ukraine occupé, a rebattu les cartes dans cette guerre qui dure depuis neuf mois. La ville est stratégiquement située pour relier la péninsule de Crimée, annexée par la Russie depuis 2014, et le port ukrainien d'Odessa à l'ouest.

Dans le même temps, plus de six millions de foyers ukrainiens étaient affectés par des coupures d'électricité vendredi, deux jours après des frappes massives russes contre ce pays, selon Volodymyr Zelensky. "Ce soir, des coupures se poursuivent dans la plupart des régions et à Kiev", a ajouté le chef de l'Etat dans son adresse quotidienne.

Vendredi soir, le réseau électrique avait perdu "30%" de ses capacités, a précisé sur Telegram l'opérateur Ukrenergo, alors que ce manque était de "15-20%" mercredi matin. "Nous prévoyons de passer le week-end avec un déficit d'environ 25%. Ce chiffre est déjà proche de celui d'avant la dernière attaque, mais encore un peu trop important. Par conséquent, les calendriers des restrictions seront maintenus", a précisé l'opérateur.

"Endurer cet hiver"

Kiev - avec quelque 600.000 foyers privés d'électricité dans la soirée - et sa région, ainsi que les provinces d'Odessa (sud), de Lviv, de Vinnytsia (ouest) et de Dnipropetrovsk (centre-est), sont les plus touchées par les coupures, a-t-il ajouté, appelant les Ukrainiens à économiser l'électricité dans les zones où le courant a été rétabli.

"Nous devons endurer cet hiver - un hiver dont tout le monde se souviendra", a souligné le président Zelensky sur Facebook.

Il avait visité plus tôt dans la journée Vychgorod, ville au nord de Kiev où les frappes ont fait six morts et des dizaines de blessés mercredi.

Les ingénieurs continuaient à réparer les dégâts à travers le pays.

Dans la capitale, "un tiers des logements de Kiev ont déjà du chauffage, les spécialistes continuent de le rétablir. La moitié des usagers sont toujours privés d'électricité", a dit son maire, Vitali Klitschko.

Dans son appartement où le gaz pour la cuisine et le chauffage ont été débranchés, Albina Bilogoub a expliqué que ses enfants dormaient désormais tous dans une seule pièce pour se tenir chaud.

"C'est notre vie. Un pull, puis un deuxième, un troisième. Nous vivons comme ça maintenant", a-t-elle dit.

Face à ces bombardements massifs russes, l'Ukraine a reçu de la part des Occidentaux des systèmes de défense antiaérienne, mais il lui en faudrait davantage pour neutraliser les missiles et les drones de Moscou.

Paris et Berlin "soutiendront l'Ukraine jusqu'au bout de ce conflit", a assuré la Première ministre française Elisabeth Borne à Berlin, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz. "Depuis le premier jour de cette guerre brutale, nos deux pays ont apporté un soutien indéfectible à l'Ukraine", a déclaré Mme Borne.

Le chancelier allemand a jugé de son côté que "la politique de terreur par les bombes de la Russie contre les infrastructures civiles en Ukraine doit prendre fin". Il a rappelé que l'Allemagne et la France oeuvraient pour aider l'Ukraine "à reconstruire son infrastructure énergétique", en partie détruite.

En visite en Ukraine vendredi, le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a également annoncé de nouvelles aides aux Ukrainiens, en particulier l'envoi d'ambulances et un "soutien" aux "survivantes des violences sexuelles perpétrées par l'armée russe".

Poutine avec les mères

Vendredi, des journalistes de l'AFP ont vu des files de voitures attendant de pouvoir s'approvisionner devant plusieurs stations-service de Kiev et le fonctionnement des réseaux de téléphonie mobile était toujours perturbé dans certains quartiers.

La Russie affirme de son côté ne viser que des infrastructures militaires et a mis les coupures de courant sur le dos de la défense antiaérienne ukrainienne. Le Kremlin a assuré que l'Ukraine pouvait mettre fin aux souffrances de sa population en acceptant les exigences russes.

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré vendredi pour la première fois des mères de soldats, disant partager leur "douleur" et les appelant à ne pas croire les "mensonges" sur l'offensive déclenchée le 24 février par le Kremlin en Ukraine.

M. Poutine s'en est pris à des "ennemis dans le champ informationnel" qui cherchent selon lui à "dévaluer, discréditer" l'offensive russe en Ukraine. "Nous devons atteindre nos objectifs, et nous allons les atteindre", a affirmé M. Poutine.

La diplomatie russe a par ailleurs dénoncé la résolution du Parlement européen qui a qualifié cette semaine la Russie d'"Etat promoteur du terrorisme". Moscou affirme que cette décision "n'a rien à voir" avec la lutte contre le terrorisme.

L'Ukraine va de son côté boycotter les travaux de l'assemblée de l'OSCE, après que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe n'a pas modifié ses règles pour exclure la représentation russe, selon le député ukrainien Yevgeniya Kravchuk.

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