Francfort (awp/afp) - Le géant allemand de la distribution Metro rechigne à se faire avaler par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, ses dirigeants ayant rejeté jeudi une offre d'achat qu'ils ne jugent pas assez élevée.

"Le directoire et le conseil de surveillance estiment que l'offre sous-évalue significativement Metro" et recommandent donc aux actionnaires "de ne pas l'accepter", indique un communiqué du groupe de Düsseldorf.

Mi-septembre, EP Global Commerce, la holding contrôlée par M. Kretinsky, a lancé un raid sur Metro, en proposant aux actionnaires de racheter leurs titres à raison de 8,48 euros pour une action ordinaire et 8,87 euros pour une action préférentielle (sans droit de vote).

Cette offre, la seconde après une première tentative infructueuse en juin, valorisait l'ensemble un peu plus de 3 milliards d'euros.

Au moment de lancer son offensive, EPGC détenait 29,99% de Metro, contre plus de 20% pour deux anciens actionnaires historiques du groupe de Düsseldorf, Beisheim et Meridian, le reste du capital étant flottant.

M. Kretinsky, par ailleurs co-propriétaire du journal français le Monde et impliqué dans les secteurs de l'énergie et des médias, n'a cette fois pas fixé de seuil minimum de détention d'actions pour juger du succès de son offre.

Le fait de détenir plus de 30% du capital de Metro lui permettrait de mieux gérer cet investissement, sans viser nécessairement une prise de contrôle, explique-t-on dans l'entourage d'EPGC.

Jeudi vers 12H00 GMT, l'action Metro reculait de 0,15% à 8,47 euros, dans un indice MDax des valeurs moyennes à Francfort en recul de 1,80%.

Le cours boursier de Metro "est influencé par la pandémie de Covid-19 et ne reflète pas suffisamment le succès de la stratégie et du processus de transformation ainsi que le potentiel futur" du groupe, souligne le communiqué.

Metro, jadis un conglomérat réunissant plusieurs entreprises de distribution, s'est recentré sur le commerce de gros et réduit sa présence géographique. Il a dernièrement cédé ses activités en Chine, où le groupe s'était implanté en 1996, et s'est débarrassé de Real, une chaîne allemande de supermarchés déficitaires.

Or, les plans du milliardaire tchèque sur la stratégie future de Metro "restent ouverts", s'inquiètent les instances dirigeantes de Metro, prêtes à poursuivre un "dialogue constructif" avec l'investisseur.

Metro employait à fin 2019 plus de 97.000 personnes dans le monde pour un chiffre d'affaires de 27 milliards d'euros.

afp/rp