Le groupe M6 Métropole TV a décollé en fin de matinée à la suite des révélations de Reuters selon lesquelles Bertelsmann souhaiterait vendre sa participation de contrôle dans le groupe de médias français. Le titre s'est longtemps adjugé la première place au SBF 120, grimpant de 7,07% dans l'après-midi à 14,24 euros. Le groupe allemand détient une part de contrôle de 48% dans M6 via un autre acteur majeur du paysage audiovisuel hexagonal, RTL Group, et espère que l'opération lui rapportera quelques 3 milliards d'euros.

Toujours selon Reuters, Bertelsmann aurait approché plusieurs potentiels repreneurs, dont Vivendi, Altice, TF1 et le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, propriétaire de Czech Media Invest.

"Les discussions sont actuellement à un stade très préliminaire et aucune banque n'a été retenue pour le moment dans le cadre de cette opération", a précisé Reuters.

Depuis plusieurs mois, l'ensemble du secteur des médias (télévision, radio et presse) évolue vers plus d'ententes afin d'adapter son modèle aux mutations des comportements, notamment la consommation de contenus en ligne. Les deux périodes de confinement ont ainsi fragilisé les comptes des groupes de presse écrite, de télévision et de radio, en raison notamment de la baisse des revenus publicitaires, en dépit de leur capacité à augmenter considérablement leurs audiences à l'occasion de la crise sanitaire.

En ce qui concerne Bertelsmann, le groupe allemand semble ces derniers mois vouloir se recentrer sur son métier d'éditeur. En décembre 2019, l'allemand avait ainsi racheté auprès du britannique Pearson sa participation de 25% dans l'éditeur américain Penguin Random House pour 530 millions de livres, lui permettant d'en prendre définitivement le contrôle.

Puis, en novembre dernier, ce même Penguin Random House entrait en négociations avec ViacomCBS pour acquérir Simon & Schuster, l'éditeur de Stephen King, Hillary Clinton, John Irving ou encore Bob Woodward, pour un montant de 2 milliards de dollars. Une opération qui, si elle aboutissait, donnerait naissance à un géant du secteur, représentant un tiers de toutes les ventes de livres aux Etats-Unis.

Cette vente permettrait par ailleurs à ViacomCBS, propriétaire des chaînes de télévision CBS et MTV, de réinvestir ses bénéfices dans le streaming et la vidéo à la demande.

Enfin, encore plus récemment, le 24 décembre dernier, Bertelsmann a signé la promesse de vente du groupe de presse Prisma Media, détenteur des magazines Voici, Femme actuelle, GEO, Capital, Gala ou encore Télé-Loisirs, avec... Vivendi.

De son côté, le géant français des médias a multiplié les offensives dans la presse ces derniers temps. Outre l'acquisition de Prisma Media, le groupe contrôlé par Vincent Bolloré vient d'acquérir 9,9% du capital de Prisa, le propriétaire du quotidien El Pais, et, selon le site El Confidencial, aurait demandé l'autorisation au gouvernement espagnol de monter jusqu'à 20%, en vertu d'une loi sur le contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques.

Vivendi détient également une part de 28,8% dans le groupe de médias italiens Mediaset, avec qui il est toujours en conflit, et n'est pas non plus un inconnu du petit écran grâce au contrôle de la chaîne cryptée Canal+.

Selon Reuters, Bertelsmann aurait aussi contacté Altice Europe, également très expérimenté dans l'audiovisuel avec les chaînes BFMTV ou RMC Découverte et la radio RMC. Le groupe de Patrick Drahi pourrait donc être un repreneur crédible pour M6 mais, bien que son fondateur l'ait retiré de la cotation en bourse dans l'espoir notamment de "réduire ses coûts d'emprunt" et réaliser des économies, les 3 milliards d'euros que demanderait Bertelsmann pourraient bien constituer un frein alors que sa dette financière reste colossale. 

En ce qui concerne TF1, l'acquisition de près de la moitié du capital de son ennemi juré serait une véritable aubaine pour devenir le numéro un incontesté en Europe, et ainsi détenir pas moins d'une quinzaine de chaînes françaises, dont M6, W9, 6ter, Paris Première ou encore Gulli et une d'audience colossale. En bourse, le titre de la filiale de Martin Bouygues gagne d'ailleurs plus de 3% à 7,17 euros.

Le dernier potentiel repreneur, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, fait figure d'outsider à ce stade, mais il a su montrer par le passé son intérêt pour le secteur français des médias. En effet, celui-ci était entré indirectement au capital du quotidien Le Monde en 2019, et le rachat de parts importantes du second plus gros acteur du PAF pourrait bien constituer une étape décisive dans sa stratégie d'établir durablement un empire dans l'Hexagone.

Valeurs citées dans l'article : Métropole Télévision, Bertelsmann SE & Co. KGaA