Pouvez-vous faire un point sur les évolutions récentes du groupe en matière de gouvernance et d’actionnariat ?
" Tony Charlet a été nommé en février dernier PDG en remplacement du fondateur de l'entreprise, Edmond Abergel, qui a dirigé le Groupe pendant plus de 40 ans. Ce dernier continuera à jouer un rôle clé en occupant les fonctions de Directeur Général Délégué en charge de la stratégie du Groupe. Tony Charlet a démissionné de Konica-Minolta, actionnaire à 42% de MGI Digital, où il a exercé des missions de direction qui l’ont conduit à entrer chez MGI en tant qu’administrateur puis à prendre de plus en plus de responsabilités. Désormais, il représente les actionnaires minoritaires, 58% du capital flottant, y compris le reliquat de la famille Abergel dont la participation est stable à 7-8%. Tony, comme 80% de nos salariés actionnaires, est associé à la réussite via un plan de 15 000 actions gratuites en trois tranches. Quant à la prise de contrôle initialement attendue par Konica-Minolta, elle n’est plus à l’ordre du jour compte tenu de la priorité pour la direction de Konica-Minolta de relever les défis financiers et stratégiques sur leur métier historique. "
La stratégie du groupe reste à l’initiative d’Edmond Abergel, fondateur, avec une inflexion notable depuis l’exercice dernier …
"La stratégie du groupe reste portée par l’initiative d’Edmond Abergel en parfaite collaboration avec Tony Charlet. Nous avions placé de grands espoirs dans notre produit phare, l’AlphaJET. Bien que notre premier client utilisateur, le spécialiste de la carte à puce ISRA, se déclare pleinement satisfait de son investissement de plus de deux millions d’euros réalisé il y a deux ans, notre partenariat commercial avec Konica Minolta n’a pas donné les résultats escomptés. Konica avait pourtant investi dans deux showrooms stratégiques situés en Europe et aux États-Unis, ainsi que dans le déploiement de formations commerciales dans 14 pays, aboutissant à la certification de 28 commerciaux. Cependant, la continuité des efforts a été freinée par un turnover important au sein des équipes formées. De plus, l’Alphajet, véritable usine à elle seule, requiert une gestion active du cycle de vente et un engagement fort des directions des entreprises prospects. Face à ces constats, Toshi Uemura, Président Monde de l’Industrial Printing chez Konica, a été nommé en avril pour réorganiser et piloter la structure commerciale de Konica Minolta en Europe et dynamiser les actions commerciales sur l’Alphajet .En appui à cette évolution, nous avons recruté un Directeur des Ventes qui travaillera en étroite collaboration avec l’équipe de Konica Minolta, et trois ingénieurs commerciaux dédiés à temps plein ont rejoint ses rangs. Parallèlement, MGI Digital a accéléré sa stratégie de diversification dans l’électronique avec l’acquisition de notre partenaire historique Altix. "
Quelles sont les raisons stratégiques de l’acquisition d’Altix et les éléments financiers clés de cette acquisition ?
" Altix est un acteur du secteur électronique, fondé en 2008 dans l’Eure, qui, après avoir atteint un chiffre d’affaires d’environ vingt millions d’euros dans l’électronique traditionnelle, a progressivement décliné en raison d’un manque d’innovation. Nous collaborions avec Altix depuis deux ans sur le développement d’un prototype d’imprimante électronique, l’AltiJet. Constatant que ce produit répondait parfaitement aux attentes du marché, nous avons pris le contrôle d’Altix en juillet dernier, dans des conditions très avantageuses : nous avons acquis 71 % du capital pour 2,3 M€, en y ajoutant la reprise d’un endettement financier net de 6 M€. En 2024, Altix a généré un chiffre d’affaires de 7,6 M€ sur son activité historique du Direct Imaging, une activité actuellement peu rentable. Nous prévoyons d’améliorer cette rentabilité en intégrant nos technologies d’impression et projecteurs MGI, ce qui permettra de récupérer plus d’un million d’euros de marge en année pleine. Grâce à MGI, Altix va ainsi passer d’un simple rôle d’assembleur à celui de concepteur de machines innovantes sur le marché du Direct Imaging, et pourra se positionner sur le marché en pleine expansion de l’électronique imprimée. Notre objectif est de prendre le contrôle total du capital d’ici 2028. "
Le communiqué des résultats annuels 2024 du Groupe a été l’occasion de rappeler l’objectif d’atteindre les 100 M€ de CA, tout en le repoussant une nouvelle fois de deux années, à 2028. Quelle seront les contributions d’Altix et de l’AlphaJet dans l’atteinte de cet objectif ?
" La croissance de notre CA avec Konica Minolta, qui a pesé pour 74% de nos ventes en 2024, va continuer à un rythme de l’ordre de 10% par an, en ne retenant aucune vente pour l’AlphaJet. Altix est clairement notre nouveau moteur de croissance. Nous allons commencer à 2025 par poursuivre l’intégration de cette société en visant l’équilibre opérationnel dès 2025 avant de renouer avec une trajectoire de croissance à deux chiffres à partir de 2026. L’AltiJet adresse le marché déjà très important de l’électronique imprimé, à savoir 12 milliards de dollars dans le monde en 2024 et 70 milliards de dollars projetés pour 2032. Les retours des salons américains et chinois sur lesquelles nous avons présenté l’AltiJet sont très encourageants. "
Source : présentation des résultats annuels par la société
Le bilan de MGI Digital est caractérisé par des immobilisations incorporelles et des stocks très élevés. Les ratios de retours sur capitaux investis s’en trouvent fortement limités, à un chiffre depuis de nombreuses années malgré une marge opérationnelle tout à fait correcte de 15%. Comment l’expliquez-vous ?
" Cela tient à notre modèle économique. Les ventes d’équipements représentent 70% de notre CA, avec une marge brute de l’ordre de 70% hors Altix qui témoigne de notre maîtrise technologique, nos dépenses annuelles de R&D pesant à hauteur de 20% de notre CA. Or, plus de la moitié de ces dépenses sont immobilisées, pour un montant fin 2024 de près de 25 M€ sur un total de 42 M€ d’immobilisations incorporelles au bilan. Concernant les stocks, de l’ordre de la moitié de notre CA, il est élevé car nous avons un an de production en stock dans nos usines pour maîtriser nos délais, notre valeur ajoutée et notre marge. Par ailleurs, nous livrons Konica Minolta seulement deux fois par an, d’où un stock de produit fini temporairement important. Le modèle économique d’Altix, avec des productions à la commande, devraient permettre d’améliorer nos niveaux de stocks. "
Quelle est la part de la R&D immobilisée en rapport avec l’AlphaJet ?
" Nous immobilisons les dépenses de mise au point des prototypes et les amortissons au démarrage de la commercialisation, ce que nous faisons depuis 5 ans sur l’AlphaJET à raison de 2.8 M€ annuels, étalés sur 15 ans. "