Paris (awp/afp) - Le groupe informatique Atos, en difficulté, va sortir de l'indice phare de la Bourse de Paris, remplacé par le géant français des laboratoires d'analyses, Eurofins Scientific, porté par l'explosion des tests anti-Covid.

Ce changement au sein de l'indice, décidé jeudi par le conseil scientifique des indices d'Euronext, était pressenti par les opérateurs de marché depuis plusieurs mois.

De toutes les composantes de l'indice, c'est celle d'Atos qui a enregistré la moins bonne performance depuis le début de l'année: -43,30%.

Et pour cause : Atos, au sein du CAC 40 depuis mars 2017, a enchaîné les déconvenues cette année, entraînant une décote du titre qui évoluait encore à environ 79 euros en début d'année contre 42 euros actuellement.

Nombre de gérants, qui suivent l'a dirigée depuis l'automne 2019 par son ancien directeur financier Elie Girard, évoquent principalement "des problèmes de communication" et une "accumulation de déceptions".

Plusieurs accidents de parcours

En début d'année, l'annonce d'un projet d'opération de croissance externe aux États-Unis est apparue "totalement incompréhensible" aux yeux du marché car "en complète contradiction" avec la nouvelle stratégie du groupe axée sur la numérisation, la cybersécurité et le cloud, rappelle Florian Allain, gérant chez Mandarine Gestion.

Finalement, Atos a jeté l'éponge mais les investisseurs ont commencé à perdre confiance.

Les relations avec le marché se sont encore détériorées au printemps quand ont surgi des doutes concernant la comptabilité de deux filiales aux États-Unis, un problème passager mais qui a fait mauvaise impression.

Le coup de massue est survenu à l'été quand Atos a pris à revers les marchés en prévenant qu'il ne renouerait finalement pas avec la croissance cette année, moins de trois semaines après avoir confirmé ses prévisions.

La difficulté à générer de la croissance hors acquisition et le poids des activités historiques dans les infrastructures, peu génératrices de croissance, sont également régulièrement pointés du doigt.

La sortie de l'indice de cette société stratégique, présente notamment dans la cybersécurité et le cloud, pourrait générer des mouvements, en vue d'un rapprochement d'Atos avec d'autres sociétés ou des velléités de fonds d'investissements souhaitant profitant de sa valorisation attractive, selon des observateurs.

Elle sera désormais cotée sur la deuxième division parisienne, le SBF 120.

Eurofins s'impose avec la crise

Fort d'un parcours mirifique en Bourse, favorisé par la crise sanitaire, Eurofins entre lui dans la cour des grands noms de l'indice CAC 40 où Sanofi était jusqu'à présent le seul représentant du secteur de la santé.

Jusqu'alors peu connue du grand public, la société spécialisée dans les tests médicaux et les certifications a gagné en notoriété avec la pandémie.

Positionné dans l'agroalimentaire, la pharmacie, l'environnement et la biologie médicale, le groupe emploie plus de 50.000 personnes dans 50 pays et exploite plus de 800 laboratoires.

À la fin 2020, il a lancé en Europe des kits permettant d'effectuer soi-même et chez soi un prélèvement en vue d'un test PCR pour détecter le Covid-19.

Depuis le début de la pandémie, l'action de cette entreprise familiale détenue à 36% par la famille fondatrice a plus que doublé (+140%). Sa capitalisation dépasse désormais 24 milliards d'euros, soit le niveau de celle de Michelin.

"Eurofins a multiplié sa croissance, sa rentabilité, et s'est désendettée", résume pour l'AFP Charles de Riedmatten, gérant de Myria AM.

L'entreprise, qui a vu son bénéfice net quasiment tripler en 2020 grâce à une forte activité liée à la pandémie, a aussi quadruplé son bénéfice net entre janvier et juin sur un an.

Le groupe, qui multiplie les acquisitions dans le monde entier, estime que les produits liés au Covid-19 lui ont rapporté 750 millions d'euros de revenus au premier semestre, une dynamique qui l'a poussé à relever ses prévisions pour 2021.

afp/al