* La puce d'OpenAI vise à réduire la dépendance à l'égard de Nvidia
* Elle sera fabriquée par Taiwan Semiconductor Manufacturing Co
* L'équipe d'OpenAI dirigée par Richard Ho, ancien de Google, supervise le projet
par Anna Tong, Max A. Cherney et Krystal Hu
SAN FRANCISCO/NEW YORK, 10 février (Reuters) - OpenAI progresse dans son projet de réduire sa dépendance à l'égard de Nvidia pour son approvisionnement en puces d'intelligence artificielle (IA) en développant en interne son premier modèle en silicium.
Le fabricant de l'agent conversationnel ChatGPT veut finaliser la conception de sa première puce dans les prochains mois et prévoit de la faire fabriquer par Taiwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC), ont déclaré des sources à Reuters.
Le processus d'envoi pour fabrication en usine d'un nouveau modèle est désigné dans l'industrie sous le terme de "tape-out".
OpenAI et TSMC n'ont pas fait de commentaires.
OpenAI semble ainsi en bonne voie pour atteindre son objectif ambitieux de production de masse chez TSMC en 2026. Un "tape-out" classique coûte des dizaines de millions de dollars et environ six mois sont nécessaires pour produire une puce finie, à moins qu'OpenAI ne paie beaucoup plus pour accélérer.
Rien ne garantit toutefois que le silicium fonctionnera lors de la première mise en production et, en cas d'échec, l'entreprise devra diagnostiquer le problème et répéter le processus.
Au sein d'OpenAI, le développement de cette puce est vu comme un outil stratégique pour renforcer le pouvoir de négociation de l'entreprise avec d'autres fournisseurs de puces, ont déclaré les sources.
Après le premier modèle, les ingénieurs d'OpenAI prévoient de développer des processeurs de plus en plus avancés, dotés de capacités supplémentaires à chaque nouvelle version.
Si la première mise en production se déroule sans encombre, elle permettra au concepteur de ChatGPT de fabriquer en série sa première puce d'IA interne et de potentiellement tester une alternative à celles de Nvidia dans le courant de l'année.
Le projet d'OpenAI d'envoyer son modèle à TSMC cette année montre que la start-up a rapidement progressé dans un processus qui peut prendre plusieurs années.
Des géants tels que Microsoft et Meta ont eu des difficultés à produire des puces efficaces malgré des années d'efforts.
LES PUCES DE NVIDIA ONT UNE PART DE MARCHÉ DE 80%
Les récentes performances de la start-up chinoise DeepSeek, spécialisée dans l'IA, laissent par ailleurs entrevoir la possibilité qu'il faille moins de puces pour développer des modèles puissants à l'avenir.
La puce d'OpenAI est conçue par une équipe interne dirigée par Richard Ho dont les effectifs ont doublé au cours des derniers mois pour atteindre 40 personnes, en collaboration avec Broadcom.
Richard Ho a rejoint OpenAI il y a plus d'un an après avoir quitté Google, où il a contribué à diriger le programme de puces d'IA personnalisées du géant de la recherche.
Son équipe est plus petite que celles mises en place par des géants de la technologie tels que Google ou Amazon.
La conception d'une nouvelle puce dans le cadre d'un programme ambitieux et à grande échelle pourrait coûter 500 millions de dollars pour une seule version, selon des sources industrielles ayant connaissance des budgets de conception. Ces coûts pourraient doubler si les logiciels et périphériques nécessaires étaient également fabriqués.
Les concepteurs de modèles d'IA générative comme OpenAI, Google et Meta ont démontré qu'un nombre toujours plus élevé de puces connectées entre elles dans les centres de données rendait les IA plus intelligentes, ce qui explique la forte demande du secteur.
Meta a annoncé qu'elle consacrerait 60 milliards de dollars aux infrastructures d'IA l'année prochaine et Microsoft prévoit de dépenser 80 milliards de dollars en la matière en 2025.
Les puces de Nvidia sont actuellement les plus populaires, avec une part de marché d'environ 80%.
L'augmentation des coûts et la dépendance à l'égard d'un seul fournisseur ont conduit des clients importants tels que Microsoft, Meta et désormais OpenAI à chercher des alternatives internes ou externes aux puces de Nvidia.
La puce d'OpenAI, bien que capable d'entraîner et d'exécuter des modèles d'IA, sera au départ déployée à une échelle limitée, ont indiqué les sources.
Pour mettre en place un programme aussi complet que celui de Google ou d'Amazon, OpenAI devrait embaucher des centaines d'ingénieurs.
TSMC fabriquera la puce d'IA d'OpenAI à l'aide de sa technologie de pointe de 3 nanomètres. (Reportage d'Anna Tong et Max A. Cherney à San Francisco, Krystal Hu à New York, version française Benjamin Mallet, édité par Sophie Louet)