Donald Trump approche le cap des 100 jours de son deuxième mandat présidentiel et les investisseurs ne savent toujours pas comment réagir à ses politiques, pas plus que les banquiers centraux n'ont une vision claire de la manière dont leurs économies pourraient être affectées.

En outre, la saison des résultats s'accélère, des données cruciales sur l'emploi aux États-Unis seront publiées, des élections auront lieu au Canada et la santé de la zone euro sera mise à l'épreuve.

Voici un aperçu de la semaine à venir par Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf à New York et Dhara Ranasinghe, Naomi Rovnick et Amanda Cooper à Londres.

1/ 100 JOURS

Le 30 avril, Trump marque ses 100 jours au pouvoir, confronté à une multitude de défis, dont beaucoup sont de son propre fait.

Les mesures tarifaires intermittentes de Trump ont provoqué des ondes de choc sur les marchés financiers, qui ne disposent toujours d'aucun moyen réel d'évaluer les répercussions économiques possibles. Son effondrement public face à Volodymyr Zelenskiy a choqué les alliés européens du président ukrainien qui, exclus des négociations de cessez-le-feu avec la Russie, se réarment désormais à un rythme sans précédent depuis des décennies.

Une approche musclée envers les migrants et les touristes a fait chuter le nombre de visiteurs aux États-Unis. Et les railleries de Trump sur le fait de faire du Canada le 51e État américain ont déclenché une vague de protestations anti-américaines dans ce pays. Les anciennes alliances sont en lambeaux, le sentiment des marchés est fragile et l'incertitude règne. Les investisseurs souhaitent davantage de visibilité pour les 100 prochains jours de Trump.

2/ LES RÉSULTATS, PUIS L'EMPLOI

Apple, Microsoft, Amazon et Meta Platforms publieront leurs résultats trimestriels au cours de la semaine prochaine, qui sera également marquée par la publication de plusieurs indicateurs économiques importants.

Après deux années de gains massifs, ces actions et le reste des sociétés à mégacapitalisation des « Magnificent Seven » (Nvidia, Alphabet et Tesla) connaissent un début d'année 2025 difficile, pesant sur les marchés boursiers.

Plus d'un cinquième des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats et les bénéfices globaux devraient avoir augmenté de 8,4 % au premier trimestre. Cependant, l'attention se concentre sur les perspectives des entreprises, compte tenu du contexte commercial incertain.

Les données sur l'emploi pour le mois d'avril, publiées le 2 mai, et les chiffres de l'inflation, publiés la veille, pourraient donner une indication sur la santé de l'économie. Les prévisions tablent sur une hausse de 130 000 emplois non agricoles après la hausse de 228 000 enregistrée en mars.

3/ RHÉTORIQUE RELATIVEMENT DÉTENDUE

Les tensions entre les États-Unis et la Chine semblent s'apaiser quelque peu, Pékin envisageant certaines exemptions à ses droits de douane de 125 % sur les importations américaines.

Une liste de 131 catégories de produits pouvant bénéficier d'exemptions a largement circulé vendredi sur les réseaux sociaux et parmi les entreprises et les groupes commerciaux.

Cette annonce fait suite à la déclaration du secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, qui a indiqué mercredi que les États-Unis étaient prêts à apaiser les tensions.

Il ne semble pas non plus que M. Bessent exercera une pression agressive sur Tokyo pour obtenir un yen plus fort, ce qui ne peut être qu'une bonne nouvelle pour la Banque du Japon, qui se réunira le 1er mai.

Bessent a déclaré qu'il n'avait pas de chiffre en tête pour le taux de change alors qu'il se préparait à rencontrer son homologue japonais Katsunobu Kato pour des discussions à Washington. Une semaine plus tôt, Trump avait accusé le Japon d'affaiblir le yen pour aider les exportateurs.

4/ O CANADA

Les Canadiens se rendront aux urnes lundi et le Premier ministre Mark Carney souhaite obtenir un mandat fort pour faire face à Trump.

M. Carney estime que son voisin du sud représente une menace importante en raison de ses droits de douane et de ses propos sur l'annexion. La solution consiste donc à réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis et à restructurer l'économie.

Les électeurs semblent être d'accord. Le Parti libéral de Carney a repris cinq points d'avance sur les conservateurs de l'opposition, alors qu'il était encore à 24 points en janvier.

Les marchés anticipent ce résultat. Le dollar canadien, qui a rebondi après avoir atteint son plus bas niveau en 22 ans en février, ne devrait pas être trop affecté.

Cela dit, la route sera semée d'embûches. Le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le Canada et les plans des libéraux visant à augmenter les dépenses pour stimuler la croissance laissent entrevoir un déficit budgétaire plus élevé que prévu.

Les enjeux sont importants pour M. Carney, qui s'est forgé une réputation de « petit ami peu fiable » pendant son mandat à la tête de la Banque d'Angleterre.

5/ LES PARADIS DE CHOIX

L'euro et les obligations de la zone euro servant désormais de refuges aux investisseurs fuyant les turbulences tarifaires américaines, leur réaction aux données clés de la semaine prochaine montrera si ces actifs se sont complètement découplés de l'économie de la zone euro.

Les données flash sur l'inflation dans la zone euro publiées le 2 mai pourraient montrer que la hausse des prix a continué de ralentir pour se rapprocher de l'objectif de 2 % de la Banque centrale européenne et renforcer les arguments en faveur de nouvelles baisses de taux.

L'indice final des directeurs d'achat de HCOB pour les fabricants européens, qui sera publié le même jour, pourrait également confirmer les craintes généralisées d'un effritement de la confiance dans la chaîne d'approvisionnement régionale.

Toutefois, rares sont les analystes qui s'attendent à ce que ces données médiocres ébranlent l'euro. Bank of America estime que les dépenses budgétaires de l'Allemagne permettront à la monnaie unique de rester forte, tandis que Barclays prévoit qu'elle se maintiendra autour de 1,15 dollar, à moins d'un apaisement des tensions politiques aux États-Unis.