PARIS (Reuters) - Société générale a publié jeudi des résultats trimestriels meilleurs qu'attendu mais a augmenté ses provisions sur créances afin de couvrir l'impact éventuel de la guerre en Ukraine sur ses clients.

La troisième banque française cotée a annoncé une hausse de 3,4% de son résultat net sur les trois premiers mois de l'année à 842 millions d'euros, pour un produit net bancaire de 7,281 milliards, en hausse de 16,6% grâce au dynamisme de ses activités de banque de détail et de marché.

Elle s'attend désormais à ce que son coût du risque, qui reflète les provisions pour créances douteuses, atteigne cette année 30 à 35 points de base, soit 1,7 à 1,9 milliard d'euros, alors qu'elle tablait auparavant sur un niveau inférieur à 30 points de base.

Ces coûts supplémentaires s'ajoutent aux dépréciations déjà annoncées, liées entre autres à la cession de sa filiale russe Rosbank à Interros Capital, un groupe lié à l'oligarque russe Vladimir Potanine, qui se traduira par des charges exceptionnelles d'environ 3,1 milliards d'euros.

Le directeur général de SocGen, Frédéric Oudéa, a déclaré s'attendre à ce que cette cession soit bouclée d'ici quelques semaines, en précisant que les sanctions australiennes et canadiennes visant Vladimir Potanine ne devraient pas compliquer le processus.

"Le 'closing' devrait intervenir dans les prochaines semaines", a-t-il dit.

CROISSANCE SOUTENUE DES ACTIVITÉS DE MARCHÉ

Les bons résultats des activités de marché ont limité l'impact du conflit entre la Russie et l'Ukraine au cours des premiers mois de l'année: les revenus des marchés actions ont en effet progressé de près de 20% sur janvier-mars, à plus d'un milliard d'euros, et ceux de la division Taux, crédit et change affichent une croissance de 21,7%.

BNP Paribas, principal rival du groupe en France, a fait état en début de semaine d'un bond de 60,9% de ses revenus de trading actions et d'une progression de 47,9% de ceux des activités de taux, devises et matières premières.

Les analystes de Jefferies ont salué les résultats de SocGen, qualifiés de "solides", en notant que toutes les divisions avaient dépassé les estimations.

En Bourse, l'action Société générale gagnait 2,09% à 23,50 euros en fin de matinée alors que le CAC 40 progressait de 1,73% et que l'indice Stoxx européen des banques avançait de 1,25%.

La sortie de Russie s'est toutefois traduite par un recul du ratio de fonds propres de base (CET1), un indicateur clé de la solidité du bilan, à 12,9% à la fin mars.

"Le capital est légèrement en retrait", constate Jefferies.

SocGen avait annoncé le mois dernier sa sortie de Russie avec la vente de Rosbank à Interros Capital.

Vladimir Potanine, qui contrôle notamment le géant minier Norilsk Nickel, a été sanctionné par le Canada dans le cadre de mesures de rétorsion prises par les pays occidentaux à l'égard de responsables russes après l'invasion de l'Ukraine.

Les charges de 3,1 milliards d'euros liées aux activités russes de SocGen intègrent une dépréciation d'environ deux milliards de la valeur comptable des activités cédées de Rosbank.

(Reportage Matthieu Protard, version française Jean-Michel Bélot et Marc Angrand, édité par Sophie Louet)

par Matthieu Protard