TOKYO, 16 décembre (Reuters) - Le Japon a déclaré vendredi qu'il allait entamer un renforcement de ses capacités militaires à hauteur de 320 milliards de dollars (environ 300,6 milliards d'euros) dans un contexte de tensions accrues avec la Chine.

Ce renforcement, autrefois impensable, dotera le pays de missiles capables de frapper la Chine et le préparera à un conflit de longue durée, alors que les tensions régionales et l'invasion de l'Ukraine par la Russie alimentent la crainte d'une nouvelle guerre.

Dans le cadre de ce vaste plan quinquennal, qui constitue le plus grand renforcement militaire observé au Japon depuis la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement a déclaré qu'il allait aussi stocker des pièces de rechange, des munitions, étendre ses moyens logistiques et développer des capacités en matière de cyberguerre.

Un document distinct sur la stratégie de sécurité nationale promet une coopération étroite avec les États-Unis et d'autres partenaires.

"L'invasion de l'Ukraine par la Russie constitue une violation grave des lois qui interdisent le recours à la force et a ébranlé les fondements de l'ordre international", indique le document.

Le rapport pointe du doigt le "défi stratégique" posé par la Chine, ajoutant que Pékin n'a pas exclu de recourir à la force pour prendre le contrôle de Taïwan.

Lors d'une rencontre avec le président de l'Association d'échange Japon-Taïwan, Mitsuo Ohashi, vendredi à Taipei, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a déclaré qu'elle s'attendait à une plus grande coopération entre les deux pays autour des questions de défense.

Le plan du Premier ministre japonais Fumio Kishida prévoit de doubler les dépenses de défense pour les porter à environ 2% du produit intérieur brut (PIB) sur cinq ans, dépassant ainsi la limite de 1% fixée en 1976.

Il portera le budget du ministère de la Défense à environ un dixième de l'ensemble des dépenses publiques aux niveaux actuels. Le financement du plan devrait passer par une hausse des taxes sur le tabac et des impôts sur les sociétés. (Reportage Tim Kelly, Sakura Murakami et Nobuhiro Kubo à Tokyo ; avec la contribution de Ben Blanchard à Taïpei ; version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)