NEW YORK (awp/afp) - Les cours du pétrole se sont repliés vendredi, après une hausse fulgurante la veille, ralentis par des sanctions occidentales contre Moscou sans portée pour le moment sur les exportations russes en énergie.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a conclu en baisse de 1,16% à 97,93 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril a perdu 1,31% à 91,59 dollars.

Le baril de Brent, la référence européenne de l'or noir, avait dépassé jeudi en séance les 105 dollars, et le WTI américain avait franchi brièvement le seuil symbolique des 100 dollars.

L'invasion de l'Ukraine déclenchée dans la nuit de mercredi à jeudi par le président russe Vladimir Poutine suscite une vague de condamnations, principalement chez les Occidentaux, qui ont annoncé de nouvelles sanctions, mais qui "jusqu'à présent ne touchent pas les livraisons d'énergie", a commenté Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

Même son de cloche chez Mizuho USA: "l'administration Biden a dit qu'elle ne sanctionnerait pas les actifs énergétiques" de Moscou, "c'est la grosse histoire du jour", a résumé Robert Yawger.

"Les sanctions ne cibleront pas les flux de pétrole", a reconnu Amos Hochstein, conseiller pour l'énergie au Département d'État dans une interview à Bloomberg Television, concédant craindre une vive hausse des prix de l'or noir le cas échéant.

L'absence de sanctions sur le secteur pétrolier "a mis la pression sur les cours, mais a dynamisé le marché actions à Wall Street", qui a terminé en hausse. "Dans un certain sens, cela élimine un facteur d'inflation", ce qui a réjoui la Bourse, a ajouté M. Yawger.

Londres et l'Union européenne ont infligé vendredi des sanctions sur les avoirs du président russe Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, sans toutefois aller jusqu'à exclure le pays du système d'échanges bancaires internationaux Swift.

Washington devrait suivre: "les Etats-Unis vont joindre leurs alliés européens en les sanctionnant", a affirmé vendredi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki. Elle a en outre indiqué que Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov seraient interdits d'entrée sur le territoire américain.

Les investisseurs s'interrogent désormais sur la façon dont Moscou va réagir aux sanctions. Si la Russie choisit de réduire ses livraisons de brut, dans un marché où l'offre est déjà tendue, les prix pourraient repartir à la hausse.

"En période de volatilité extrême des prix du pétrole, c'est à l'Opep qu'il revient de rétablir le calme", rappelle Stephen Brennock de PVM Energy.

Or, l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) ne semble plus capable "d'empêcher les fluctuations brutales des prix", poursuit l'analyste, le cartel échouant chaque mois à remplir ses objectifs d'approvisionnement.

L'organisation, qui doit se réunir mercredi, devrait continuer de "jouer un second rôle" dans le marché de l'or noir, estime M. Brennock.

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