par Josephine Mason, Anthony Deutsch et Nikolaj Skydsgaard

LONDRES, 4 octobre (Reuters) - Plusieurs campagnes vaccinales de rappel contre le COVID-19 ont débuté dans l'Union européenne (UE), de façon très divergente et alors même que l'Agence européenne du médicament (EMA) ne s'est pas encore prononcée quant à la nécessité d'un rappel vaccinal.

La France, l'Italie, l'Allemagne ou encore l'Irlande ont déjà commencé à administrer une injection de rappel pour lutter contre le COVID-19 et les Pays-Bas s'apprêtent à leur emboîter le pas.

D'autres pays, au contraire, attendent que l'EMA rende sa décision, attendue ce lundi, sur l'effacité d'un rappel vaccinal.

Ces divergences illustrent les approches très différentes adoptées par les pays de l'UE lors du lancement de la campagne de vaccination en début d'année. Elles mettent aussi en évidence l'absence de consensus scientifique quant à la nécessité d'un rappel de vaccin.

Pfizer et Moderna ont récemment publié des données montrant que l'efficacité de leurs vaccins à ARNm, initialement estimée à plus de 90% contre la forme grave du COVID-19, diminue avec le temps.

Mais jusqu'à présent, l'EMA et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ont tous deux déclaré qu'il n'y avait pas assez de données pour se prononcer fermement sur le sujet du rappel vaccinal.

COUVERTURE VACCINALE TROP FAIBLE

En France, la Haute autorité de Santé (HAS) a donné fin août son feu vert à une dose de rappel du vaccin contre le COVID-19 à toute la population âgée de 65 ans et plus, ainsi qu’aux personnes présentant des comorbidités.

De son côté, l'Italie a mis en place une campagne similaire, en incluant le personnel soignant dans la population visée.

Les Pays-Bas, pour leur part, ont décidé de strictement limiter leur campagne de rappel aux individus immuno-déprimés.

En Allemagne, la campagne de rappel a mis à jour les divergences au sein du pays. Les autorités sanitaires, au niveau fédéral comme des Länder, ont opté pour l'administration d'une troisième dose à une grande partie de la population alors même que le conseil d'experts pour la vaccination (STIKO) n'a préconisé l'administration d'une nouvelle dose que pour les individus immuno-déprimés.

La Suisse a quant à elle annoncé ne pas voir la nécessité d'une campagne de rappel pour l'instant, mais reste attentive aux données sur le sujet.

A ce jour, seulement 61% de la population totale de l'UE est entièrement vaccinée et l'ECDC a jugé jeudi que la couverture vaccinale était encore trop faible pour éliminer le risque d'une augmentation significative de cas, d'hospitalisations et de décès au cours des six prochaines semaines.

Si l'EMA donne son aval pour la dose de rappel du vaccin Pfizer-BioNTech, l'UE rejoindra les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël qui ont déjà reçu le feu vert de leur régulateur pour l'administrer.

Il est peu probable toutefois que l'EMA ne livre lors de sa décision des directives détaillées sur la population concernée par le rappel vaccinal.

Sa décision pourrait en tous les cas relancer le débat sur l'utilisation des vaccins par les pays les plus développés alors que les économies les plus pauvres peinent à se fournir en vaccin et à inoculer leur population.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déconseillé a plusieurs reprise la mise en place trop hâtive de campagnes de rappel, jugeant nécessaire dans un premier temps de faire progresser la couverture vaccinale dans les pays en développement.

(Josephine Mason à Londres, Anthony Deutsch à Amsterdam, Emilio Parodi à Milan, Nikolaj Skydsgaard à Copenhague, Mike Shields à Zurich, Jan Lopatka à Prague, Anna Wlodarczak-Semczuk à Varsovie, Tsvetelia Tsolova à Sofian et Ludwig Burger à Frankfort; version française Lucinda Langlands-Perry, édité par Blandine Hénault)