Bayer est parvenu à ses fins. Après plus de quatre mois de discussions, Monsanto a accepté la quatrième offre du groupe chimique et pharmaceutique allemand. Pour séduire le conseil d'administration du numéro un mondial des semences, Bayer a porté son offre de 127,5 à 128 dollars par titre, soit 6 dollars de plus que la proposition initiale de mai. Les investisseurs saluent l'heureux dénouement : Monsanto progresse de 0,56% à 106,69 dollars après avoir gagné 13% depuis l'annonce de l'intérêt de Bayer, mi-mai. L'allemand grimpe lui de 2,11% à 95,27 euros.

Au final, l'allemand déboursera plus de 66 milliards de dollars en cash (58,80 milliards d'euros) pour devenir le numéro un mondial de l'agrochimie, un secteur en pleine consolidation avec le rachat du suisse Syngenta par le chinois ChemChina, le rapprochement des deux géants américains Dow Chemical et DuPont et la fusion des canadiens Potash et Agrium.

A eux deux, Bayer et Monsanto représenteront un géant mondial pesant 23 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel.

L'opération aura un impact relutif sur le bénéfice par action ajusté dès la première année après la finalisation, a assuré Bayer. Cet impact sera supérieur à 10% la troisième année grâce à 1,5 milliard de dollars de synergies annuelles.

Cette fusion-acquisition est la plus importante de l'année et la plus grosse jamais menée par un groupe allemand. C'est enfin l'offre la plus importante en numéraire de l'histoire financière.

Elle représente un beau succès pour le nouveau PDG du groupe allemand, Werner Baumann. Ce dernier a en effet essuyé de nombreuses critiques de salariés et d'actionnaires qui doutaient de l'intérêt de puiser dans la trésorerie de Bayer et d'augmenter sa dette pour un deal qui ne serait pas créateur de valeur avant plusieurs années.

Stratégiquement, les opposants au projet ne comprenaient pas non plus le revirement de Bayer qui a réussi avec succès à se recentrer sur la pharmacie au détriment de la chimie, plus cyclique et moins rentable.

Au-delà de l'aspect financier et stratégique, des voix s'étaient élevées pour critiquer un rapprochement avec un groupe aussi controversé que Monsanto en raison de sa production de semences génétiquement modifiées et d'herbicides accusés de nuire durablement à la faune et à la flore.

Mais Werner Baumann a tenu bon. Son objectif était clair. Dans un secteur en effervescence, s'offrir Monsanto permet à Bayer d'acquérir une taille qui l'empêche d'être la cible de géants de la santé comme Pfizer ou Novartis.

(P-J.L)