Francfort (awp/afp) - L'allemand Bayer a subi une lourde perte au troisième trimestre, plombé par sa division agrochimie, tandis que la facture pour régler les litiges américains liés au glyphosate continue de monter.

De juillet à septembre, le groupe de Leverkusen a affiché une perte nette de 2,74 milliards d'euros et le bilan est encore plus lourd côté résultat opérationnel (Ebit), qui ressort en négatif de 9,4 milliards d'euros.

La raison incombe à une dépréciation comptable d'un total de 9,3 milliards d'euros passée dans sa division agrochimie, à laquelle appartient la filiale Monsanto, rachetée en 2018.

Sur fond de demande en berne, la valeur de la branche qui produit semences et herbicides en lien notamment avec le maïs et le soja, a été rabotée. L'augmentation d'environ 750 millions de dollars du coût anticipé de futurs litiges sur le désherbant Roundup aux Etats-Unis a également lesté le résultat.

Le groupe a dit mardi avoir réglé à ce jour 88.500 requêtes aux Etats-Unis, sur un total de 125.000 qui ont fait l'objet fin juin d'un accord amiable censé mettre fin aux poursuites.

"Nous sommes encore en négociations" avec des plaignants, a expliqué le président du directoire, Werner Baumann.

Au deuxième trimestre, Bayer avait affiché une perte nette de 9,5 milliards d'euros en raison de cet accord à l'amiable.

Le géant allemand doit encore mettre sur pied un mécanisme pour gérer les risques d'éventuels futurs litiges.

Si ce dispositif est validé par la justice américaine, il en coûtera "environ 2 milliards de dollars" à Bayer, soit plus que les 1,25 milliard initialement prévus.

Objectif annuel maintenu

Bayer affronte en outre un contexte difficile sur fond de crise sanitaire liée au Covid-19.

Les ventes du groupe sur le trimestre écoulé ont reculé de 5% sur un an - corrigé des effets de change et périmètre - à 8,5 milliards d'euros.

Dans le détail, les ventes dans l'agrochimie ont diminué de 11,6% sur un an. La région Amérique du Nord a été particulièrement touchée, du fait notamment de surfaces cultivées de maïs inférieures aux prévisions, causant des retours de marchandises.

Bayer dit souffrir d'effets de change "liés à la dépréciation du réal brésilien".

Dans la branche pharmacie, les ventes de médicaments sur ordonnance ont diminué de près de 2%, malgré un bond de 14% d'un produit phare, l'anticoagulant Xarelto, tandis que celles de médicaments sans ordonnance ont augmenté de 6,2%.

Bayer a confirmé ses objectifs pour 2020, avec un chiffre d'affaires global prévu "entre 43 et 44 milliards" d'euros, quasi stable par rapport à 2019.

Le groupe avait annoncé fin septembre vouloir économiser d'ici 2024 1,5 milliard d'euros, en plus d'un programme de 2,6 milliards d'euros d'économies annuelles déjà annoncé, valable à partir de 2022.

M. Baumann n'a pas voulu dire mardi combien de suppressions de postes supplémentaires allaient en découler, alors que 12.000 emplois dans le monde doivent être supprimés d'ici 2022.

Des cessions d'activités ou de marques non stratégiques sont par ailleurs à l'étude, a-t-il indiqué, sans plus de précision. Le groupe s'est débarrassé cette année de la santé animale et auparavant de certains médicaments sans ordonnance.

En Bourse, le titre cédait à 11H15 GMT 0,78%, le marché sanctionnant des résultats moins bons qu'attendu, dans un Dax en hausse de 1,70%.

afp/rp