Sydney (awp/afp) - Le taux de chômage en Australie a dépassé 7% en mai, soit son plus haut niveau depuis 2001, selon des chiffres officiels publiés jeudi, des centaines de milliers de personnes ayant perdu leur emploi en raison des mesures prises pour combattre le coronavirus.

Le taux de chômage s'est élevé à 7,1% en mai avec la perte d'environ 227.000 postes, soit trois fois plus qu'initialement prévu, et après la perte de plus de 600.000 emplois en avril, selon le Bureau australien des statistiques (ABS).

Ces chiffres laissent présager que le pays s'achemine, pour la première fois depuis près de trois décennies, vers la récession.

Au premier trimestre, son PIB s'est contracté de 0,3% et une chute "bien plus grave" est attendue au deuxième.

Le gouvernement conservateur a qualifié ces données de "catastrophiques" et le Premier ministre Scott Morrison a affirmé que le pays se préparait à faire face à "certains des plus grands défis économiques jamais rencontrés".

A l'annonce de ces chiffres, le dollar australien s'est déprécié par rapport aux principales devises et l'indice de la Bourse de Sydney, l'ASX 200, a perdu 1,6%.

Le taux de chômage dans le pays se situait autour de 5% en février, avant la décision de l'Australie de fermer ses frontières et les commerces non essentiels.

En avril, il était de 6,4%.

La dernière fois qu'il avait franchi la barre des 7% remonte à octobre 2001.

Des analystes de la National Australia Bank (NAB), l'une des plus importantes du pays, ont dit être choqués par le nombre de personnes qui ont quitté leur emploi ou cessé d'en chercher.

"Au cours des deux derniers mois, 835.000 personnes ont perdu leur emploi", selon eux.

Ce chiffre représente près du double de la population de la capitale Canberra.

"Beaucoup de ceux qui ont perdu leur emploi ont également quitté la population active", a affirmé la NAB, soulignant que le taux d'activité a atteint son niveau le plus bas depuis 2001.

Selon M. Morrison, au moins deux ans seront nécessaires pour que l'activité économique retrouve son niveau normal.

Une deuxième vague de contamination pourrait cependant perturber cette reprise.

L'an dernier, le Premier ministre avait été réélu notamment sur la base de sa gestion économique et fiscale.

Il se retrouve désormais confronté à un dilemme: poursuivre ou mettre fin aux mesures massives destinées à soutenir l'économie, via notamment des aides au financement des salaires.

La Banque centrale australienne a mis en garde contre une fin prématurée de ces aides financières. Cependant, en poursuivant cette politique de soutien, M. Morrison pourrait se mettre à dos l'aile droite de son parti.

afp/al