LONDRES, 15 novembre (Reuters) - Les profits des banques européennes pourraient être affectés si les prix immobiliers commencent à refluer en Europe, a estimé mardi S&P Global, quelques jours après un avertissement de l'Autorité bancaire européenne (ABE).

Si la solidité des bilans des établissements de crédit implique qu'un mouvement de baisse des prix des biens immobiliers ne constituerait pas un risque systémique, leur exposition au secteur immobilier est telle qu'ils risqueraient de voir leurs bénéfices souffrir, estime l'agence de notation.

Les prêts immobiliers représentent généralement entre 30% et 50% de l'ensemble des portefeuilles de crédit des banques en Europe, précise S&P Global, qui ajoute qu'une dégradation de la conjoncture économique conduirait sans doute le secteur à une augmentation du coût du risque.

"La montée du risque de crédit dans les portefeuilles de prêts immobiliers conduira à une hausse marquée des provisions (pour risque de défaut) des banques et à un impact direct sur leurs perspectives de bénéfices", poursuit S&P Global.

Ce constat fait écho aux inquiétudes exprimées la semaine dernière par l'ABE: selon elle, les banques de l'Union européenne ont fait état de plus de 4.100 milliards d'euros de prêts et d'avances gagées sur des biens immobiliers, soit environ un tiers de l'ensemble des prêts aux particuliers et aux sociétés non financières.

Les banques ont "substantiellement" augmenté leur exposition au crédit immobilier ces dernières années et elles observent aujourd'hui des signes avant-coureurs de détérioration de la qualité des actifs, a ajouté l'ABE.

S&P note de son côté de premiers signes de baisse des prix immobiliers en Grande-Bretagne, conséquence du ralentissement général de l'économie.

Un haut dirigeant du spécialiste britannique du crédit immobilier Nationwide Building Society a déclaré récemment devant des députés que dans le pire des scénarios élaborés par la société, les prix immobiliers pourraient chuter de 30% l'an prochain. Mais son scénario de base intègre une baisse limitée à 8%.

Pour S&P Global, dans les scénarios "sombres", c'est en Hongrie et en Irlande que les banques prévoient les taux de défaut sur crédit immobilier les plus élevés. (Reportage Lawrence White, version française Marc Angrand)