ZURICH (Agefi-Dow Jones)--L'investisseur activiste américain Daniel Loeb a accentué dimanche la pression sur la direction de Nestlé pour que le groupe agroalimentaire suisse augmente la rémunération des actionnaires et vende sa participation dans L'Oréal, critiquant Nestlé pour ce qu'il considère comme étant de piètres efforts pour refondre sa stratégie.

Les critiques de Daniel Loeb, formulées dans une lettre adressée aux dirigeants de Nestlé et dans un rapport de 34 pages, suggèrent que la série de changements mis en oeuvre par Nestlé l'année passée - dont d'importants rachats d'actions, un accord avec Starbucks et des investissements dans des sociétés à forte croissance comme Blue Bottle Coffee - ne satisfont pas l'investisseur.

Third Point, le fonds de Daniel Loeb, possède plus de 3 milliards de dollars d'actions Nestlé, soit environ 1,25% du capital.

Une "approche stratégique confuse"

"La direction de Nestlé n'agit pas assez rapidement pour sortir des activités sous-performantes et non stratégiques", a estimé Daniel Loeb dans une lettre adressée au directeur général de Nestlé, Mark Schneider, et au conseil d'administration du groupe. L'actionnaire a fustigé une "approche stratégique confuse" ne tenant pas compte de l'évolution du comportement des consommateurs.

Daniel Loeb a estimé que Nestlé devrait céder des activités représentant 15% de son chiffre d'affaires et utiliser le produit de ces cessions pour réaliser des acquisitions ou racheter davantage de ses propres actions. Le moment est bien choisi pour adopter cette stratégie, a-t-il affirmé, citant "cette période de multiples élevés et de demande stratégique robuste pour certaines de ses activités à faible croissance".

Le groupe, a-t-il poursuivi, s'est également montré "incapable d'articuler des raisons stratégiques convaincantes pour la conservation" de sa participation de 23% dans L'Oréal.

Un an de pressions

L'actionnaire activiste a dévoilé sa participation dans Nestlé il y a environ un an. Depuis, il prône des changements significatifs afin d'améliorer la performance financière du groupe, au moyen de rachats d'actions, de cessions d'actifs non stratégiques et de l'adoption d'un objectif de marge formel.

Nestlé a mis en oeuvre un grand nombre de ces propositions. En juin dernier, le groupe a lancé un programme de rachats d'actions d'environ 20 milliards de dollars. Le groupe a vendu en janvier son activité de confiserie aux Etats-Unis et a acquis l'année dernière Sweet Earth Foods, un fabricant d'aliments protéinés d'origine végétale. En mai, le groupe a acquis des droits sur la vente de produits de la chaîne de cafés américaine Starbucks pour plus de 7 milliards de dollars.

A l'instar d'autres grands groupes de biens de consommation, tous confrontés à l'évolution des goûts des consommateurs et ayant du mal à augmenter leurs prix, Nestlé a dégagé une faible croissance ces dernières années.

"Bien que le groupe ait pris des mesures conformes à nos suggestions, la cadence et l'ampleur modestes de ces changements suggèrent que Nestlé est satisfait de sa position", a estimé Daniel Loeb dans sa lettre dimanche.

Dans un communiqué publié lundi, le groupe a répondu que "le conseil d'administration et la direction de Nestlé pren[aient] en considération le point de vue de tous les actionnaires et accueill[aient] favorablement leur contribution continue".

"Nestlé a généré des rendements pour les actionnaires solides sur le long terme (+135% de rendement total pour les actionnaires en francs suisses sur les dix dernières années) et continue de se concentrer sur la création de valeur durable pour les actionnaires", a également souligné le groupe.

-Brian Blackstone, The Wall Street Journal, et Valérie Venck, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 48 11; vvenck@agefi.fr

(Version française Maylis Jouaret) ed: VLV- LBO

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