Zurich (awp) - L'Organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace a épinglé Nestlé en raison de sa consommation de plastique pour ses emballages. La multinationale veveysanne rétorque faire des efforts pour limiter son usage.

Greenpeace pointe les 1,5 million de tonnes de plastique utilisées chaque année par Nestlé, soit l'équivalent de 7,6 tonnes d'émissions de CO2, ainsi que l'affiliation du géant agroalimentaire à diverses organisations de lobbying.

"En dépit de leurs efforts pour paraître écologique, de grandes multinationales comme Nestlé travaillent avec l'industrie pétrolière pour soutenir la production de plastique. Cette expansion est contradictoire avec l'objectif de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degré", a déclaré Matthias Wüthrich, spécialiste zéro déchets pour Greenpeace Suisse, dans l'étude publiée lundi.

Un porte-parole de Nestlé, contacté par AWP, affirme que "nous repensons la manière dont nous utilisons, réutilisons et éliminons les emballages, y compris le plastique" et juge "décevant" que le rapport se refère "à d'anciennes données". "Aujourd'hui, 88% de nos emballages sont déjà recyclables ou réutilisables. Notre empreinte plastique continue aussi de décroître, avec 1,3 million de tonnes métriques en 2020 contre 1,7 million en 2018".

Greenpeace rappelle que plus de 99% du plastique est produit à partir de pétrole ou de gaz naturel. A chaque étape de sa production, de l'extraction à la gestion des déchets, en passant par la raffinerie, la transformation ou encore le transport, des émissions de gaz à effet de serre sont enregistrées. Environ 40% du plastique neuf est utilisé pour des emballages jetables par l'industrie des biens de consommation.

Liens avec des lobbys

L'ONG de défense de l'environnement accuse également la multinationale de ses liens de dépendance envers l'industrie pétrochimique. Son étude révèle que Nestlé, Coca-Cola, PepsiCo, Mondelez, Danone, Unilever, Colgate Palmolive, Procter & Gamble et Mars achètent leurs emballages auprès d'entreprises livrées en granulats de plastique ou produits pétrochimiques par de grands groupes pétroliers comme ExxonMobil, Shell, Chevron Phillips, Ineos ou Dow.

En outre, ces grands noms de l'industrie agroalimentaire s'associent à l'industrie pétrochimique pour "propager le mythe du recyclage du plastique quand bien même ce dernier ne fonctionne pas", accuse Greenpeace, citant en exemple la collaboration de Nestlé et Mars avec Total et Recycling Technologies. La solution est en effet à chercher dans les alternatives au plastique à usage unique plutôt que dans le recyclage, selon Greenpeace.

Le fabricant des capsules de café Nespresso et des produits chocolatés Cailler et KitKat rétorque travailler "dur à réduire l'empreinte plastique" de son portefeuille, à travers la conception de nouveaux emballages, l'adoption de matériaux 100% recyclés, l'expansion de systèmes de réutilisation et de recharge, avec 20 projets pilotes en cours, et l'utilisation de papier pour les emballages à usage unique.

Si rien n'est fait, l'ONG estime que la production de plastique peut encore tripler d'ici 2050. Les émissions liés au cycle d'utilisation du plastique sont ainsi attendues en hausse de 50% en 2030 par rapport à 2019, selon les estimations du Centre pour la loi internationale environnementale (CIEL).

Le propriétaire des marques d'eau en bouteille Henniez, Perrier, Vittel et Contrex assure de son côté vouloir "aider à créer un changement du système pour parvenir à un futur sans déchets."

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