Genève (awp) - Le géant alimentaire Nestlé a annoncé jeudi des résultats solides au premier semestre. Malgré des ventes et un résultat opérationnel (Ebit) courant récurrent en repli, son bénéfice net a augmenté sur un an. Le Covid-19 ne perturbera pas ses activités durant le reste de l'année, a assuré la multinationale.

Sur les six premiers mois, le groupe veveysan a affiché des recettes en baisse de 9,5% à 41,16 milliards de francs suisses. L'Ebit courant récurrent est lui aussi en repli de 7,9% à 7,16 milliard. Nestlé a, malgré ces chiffres en baisse, fait progresser son bénéfice net sur un an de 18,3% à 5,88 milliards de francs suisses.

Il affiche par ailleurs un ralentissement à 2,8% de sa croissance organique, contre 3,6% sur la même période l'année dernière. Celle-ci a évolué de manière différée selon les régions: forte dans la région Amériques (+5,3%), elle est plus modeste dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (+2,4%) et s'inscrit en négatif en Asie, Océanie et Afrique subsaharienne (-2,2%).

La crise comme révélateur de la solidité de groupe

Ces résultats sont peu ou prou conformes aux prévisions, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 41,6 milliards et un Ebit ajusté de 7,02 milliards de francs suisses. Les analystes du consensus AWP avaient également prévu une croissance organique en baisse à 2,7%.

Le bénéfice net a par contre dépassé les attentes moyennes, établies à 5,5 milliards de francs suisses.

"La plupart de nos stratégies à long terme continueront de s'appliquer" a affirmé Mark Schneider, directeur général, lors d'une conférence de presse. "Nous allons bien et investir pour notre futur est crucial" a-t-il poursuivi.

La crise n'aura donc chamboulé ni les perspectives, ni les stratégies à long terme du géant veveysan. Dans sa filiale Waters par exemple, l'accent reste mis sur des marques premium au plus grand potentiel de profit. Des cessions annoncées plus tôt en Amérique du Nord sont toujours sur la table, "avec de forts intérêts d'acheteurs potentiels", et qui devraient être conclues en début d'année prochaine, d'après Mark Schneider.

Pour Baader Helvea, la crise a agi comme un révélateur de la solidité du groupe. Son homologue zurichois Vontobel va même plus loin et estime que le groupe va sortir "vainqueur" de la pandémie de coronavirus.

Alors que ses concurrents Unilever et Danone ont abandonné leurs perspectives, Nestlé est l'un des seuls à offrir des prévisions.

Le groupe évoque une croissance organique des ventes 2020 entre 2% et 3%, avec une marge opérationnelle courante récurrente et une rentabilité du capital qui devraient s'améliorer.

"Aucune détérioration importante" n'est à attendre des derniers développements de la pandémie, d'après Nestlé.

Coûts inédits et nouvelles tendances de consommation

La crise du nouveau coronavirus a malgré tout engendré des conséquences, d'une part à travers des coûts inédits à absorber et d'autre part, par la création de nouvelles tendances à la consommation.

Les coûts reliés au Covid-19 se chiffrent à 290 millions de francs suisses au premier semestre, primes aux employés incluses. Le groupe a également indiqué avoir absorbé 120 millions de pertes liées au personnel et aux installations inutilisées pendant le confinement.

Nestlé a dû gérer, en parallèle, l'évolution des comportements des consommateurs, fortement impactés par les mesures prises contre le Covid-19.

Comme son concurrent français Danone, Nestlé a vécu une évolution des ventes en deux temps, avec une croissance au premier trimestre poussée par la tendance aux stocks alimentaires, avant un ralentissement des recettes au deuxième trimestre, plombées par la chute des ventes hors-foyers et par l'utilisation de ces mêmes stocks.

La demande des produits de consommation à domicile a ainsi bondi, comme le café fait au sein du foyer par exemple, a contrario des achats d'impulsion que peuvent être l'eau en bouteilles ou la confiserie, en baisse ce semestre.

Du fait du confinement, le commerce en ligne a augmenté de 48,9% durant la période sous revue et a représenté 12,4% du total des ventes semestrielles. Un résultat "exceptionnel" selon le directeur financier François-Xavier Roger, qui s'attend à une poursuite de la croissance de ce secteur.

Autre bond spectaculaire, celui de Purina et du secteur des produits pour animaux de compagnie. Si le directeur financier du groupe a rappelé que le dynamisme de ce marché était déjà bien en place avant le début de la pandémie, il a admis l'importance nouvelle du Petcare, avec des ventes en hausse de 12,5% au premier semestre. Le secteur est désormais le premier moteur de la croissance organique de la multinationale.

Nestlé a d'ailleurs annoncé jeudi l'investissement de 60 millions de francs suisses dans une de ses usines australiennes consacrées à la production de produits pour animaux de compagnie.

La performance n'a pas pas empêché le navire-amiral veveysan d'écoper des voies d'eau. Le recul jounalier de 0,7% à 109,92 francs suisses est néanmoins demeuré contenu, par rapport à un SMI en perdition de 1,73%.

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