Vevey (awp) - Le colosse alimentaire Nestlé a bouclé le 1er semestre 2016 sur un bénéfice net de 4,1 mrd CHF, en baisse de 9,1% par rapport à l'exercice précédent, essentiellement en raison d'un ajustement d'impôts différés. En revanche, les ventes et surtout la performance opérationnelle ont progressé, suscitant les louanges des analystes et l'enthousiasme des investisseurs

Entre janvier et juin, le mastodonte alimentaire vaudois a réalisé un chiffre d'affaires de 43,16 mrd CHF, représentant une croissance organique de 3,5%, en hausse de 30 points de base (pb) sur un an. La croissance interne réelle (RIG) s'est quant à elle établie à 2,8%, précise jeudi la multinationale veveysane dans son rapport d'étape.

"Le premier semestre de 2016 est conforme à nos attentes, avec une croissance presque entièrement générée par les volumes et le mix produits, conduisant à de nouveaux gains de parts de marché", a déclaré l'administrateur délégué (CEO) de Nestlé, Paul Bulcke, cité dans un communiqué.

Sur le plan opérationnel, le résultat courant (Ebit) s'est monté à 6,6 mrd CHF, en hausse de 2,7%, pour une marge afférente de 15,3%, en hausse de 30 pb "sur base publiée ainsi qu'à taux de change constants", précise Nestlé.

Alors que le chiffre d'affaires et l'Ebit semestriels du groupe s'inscrivent dans la moyenne des prévisions des analystes sollicités par AWP, le bénéfice net est ressorti nettement en dessous. La croissance, tant organique que RIG, a également déçu.

Le groupe a vu ses ventes croître dans toutes les régions. La croissance organique a été plus marquée dans les marchés émergents (+5,4%) que dans ceux développés (+1,9%) en raison notamment de la pression déflationniste.

Dans la région Amériques (AMS), qui représente plus d'un quart des revenus du groupe, les ventes ont augmenté de 5,1% à 12,11 mrd CHF. En Europe, Moyen-Orient et Afrique du nord (EMENA), la croissance organique a été plus modérée (+2,6% à 8,09 mrd).

Enfin dans la région Asie, Océanie et Afrique subsaharienne (AOA), les ventes ont progressé de 2,3% pour atteindre 7,10 mrd CHF. Quant aux divisions Boissons et Aliments ont crû respectivement de 4,2% et de 1,3%.

OBJECTIFS CONFIRMÉS

Pour la suite de l'exercice, la direction du groupe confirme ses objectifs annuels, à savoir, une croissance organique "en ligne avec 2015" - c'est-à-dire 4,2% - avec une amélioration des marges et du bénéfice récurrent par action à taux de change constants, ainsi que de la rentabilité du capital.

Afin d'atteindre ses ambitions, la multinationale veveysane est condamnée à générer une croissance organique d'environ 5% au 2e semestre. Lors d'une téléconférence, son directeur financier (CFO) Francois-Xavier Roger a énuméré différents facteurs qui pourraient y contribuer.

Il cite en premier lieu des hausses de prix dans diverses régions, notamment au Brésil et en Russie. Au Royaume-Uni également, des hausses de prix sont au menu, après la dévaluation massive de la livre britannique dans le sillage du vote en faveur du Brexit.

Selon le CFO, les prix ont atteint le creux de la vague au 2e trimestre 2016. Sur le front des matières premières aussi, on peut s'attendre à un revirement de tendance, comme en témoigne la légère hausse observée récemment.

"NOODLEGATE" OUBLIÉ

Une part substantielle de l'amélioration attendue devrait provenir des nouilles Maggi en Inde. Celles-ci avaient été bannies des rayons une bonne partie de l'année dernière pour leur teneur trop élevée en plomb. Le "Noodlegate" appartient désormais au passé, a assuré le CFO.

Enfin, la déconsolidation des activités de crèmes glacées, par le biais de la coentreprise Froneri en partenariat avec le britannique R&R devrait également avoir un effet positif sur les résultats.

Dans leurs commentaires, les analystes ne semblent pas tenir rigueur à Nestlé pour le ralentissement de la croissance -organique et RIG- qui était somme toute attendu, même si à une moindre échelle.

La RIG a peut-être déçu les attentes du marché, mais elle reste nettement supérieure à celle des concurrents Unilever (+2,2%) et Danone (+0,9%), signale par exemple la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Baader Helvea insiste sur le fait que la croissance n'est pas seulement induite par la composante prix à un bas niveau historique, mais aussi par le volume.

L'amélioration des marges est unanimement saluée. La marge brute et celle d'exploitation ont progressé malgré les dépenses marketing plus élevées que prévu. La "nouvelle" Nestlé met de nouveau l'accent sur l'amélioration des marges, se réjouit la banque Vontobel.

A la Bourse suisse, le titre Nestlé a été courtisé par les investisseurs, malgré une ouverture dans le rouge vif. A 13h35, la nominative s'enrobait de 1,1% à 79,20 CHF, entraînant dans son sillage l'indice SMI des valeurs vedettes (+0,17%).

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