Genève (awp) - Le titre Nestlé a fait partie des gagnants mercredi à la Bourse suisse. Le géant veveysan a annoncé qu'il entendait vendre 22,26 millions d'actions du fabricant de cosmétiques français L'Oréal au prix de 400 euros pièce, soit un total de 8,9 milliards d'euros (environ 9,3 milliards de francs suisses). Les actions rachetées seront annulées par L'Oréal.

Le titre Nestlé a clôturé la séance en forte hausse de 1,6% à 123,80 francs suisses, alors que l'indice vedette SMI a pris 0,67%.

Après cette transaction, Nestlé détiendra encore 20,1% de L'Oréal, contre 23,2% jusqu'ici. Dans son communiqué de mardi soir, le groupe veveysan a précisé qu'il continuera de soutenir entièrement la stratégie de création de valeur de l'entreprise française. Il conservera deux sièges au conseil d'administration.

Dans la foulée, l'organe de surveillance de Nestlé a décidé de remplacer l'actuel programme de rachat d'actions par un nouveau, qui débutera le 3 janvier. Il portera sur un montant de 20 milliards de francs suisses et s'étendra sur la période de 2022 à 2024. Au total, Nestlé prévoit de racheter pour 10 milliards de francs suisses de ses propres titres en 2022.

L'actuel programme de rachat d'actions s'achèvera le 31 décembre. Au 7 décembre, Nestlé avait racheté 120,3 millions de ses titres pour un montant total de 12,7 milliards de francs suisses, soit un prix moyen de 105,61 francs suisses l'unité.

Le conseil d'administration et la direction générale confirment leur volonté d'investir dans les activités principales de l'alimentation, des boissons et de la santé nutritionnelle. Si d'importantes acquisitions devaient intervenir en 2022, le nouveau programme de rachat d'actions serait ajusté en conséquence. Le volume mensuel des rachats dépendra des conditions du marché.

Analystes positifs

Pour les analystes d'UBS, le programme de rachat d'actions annoncé par Nestlé devrait avoir pour conséquence une diminution du ratio dette nette/Ebitda à 1,5x, contre 2,0x précédemment. La transaction sera globalement neutre en termes de bénéfice par action pour le groupe vaudois.

Le programme de rachat d'actions aura un impact positif de 2% sur le bénéfice par action de Nestlé en termes cumulatifs, mais sera neutre, voire légèrement dilutif pour l'exercice 2022, écrit Jefferies.

"C'est une bonne affaire pour les deux", note Jefferies. "Nous pensons que cette annonce sera bien accueillie par le marché, de la part des deux parties", notent les analystes.

La transaction est légèrement positive pour le bénéfice par action des deux titres. Elle réduit l'exposition de Nestlé à L'Oréal, qui à travers cette participation détenait 16% de sa capitalisation boursière, un niveau "troublant". Cette opération constitue également un nouveau fait d'armes pour le directeur général Mark Schneider dans le contexte de son programme de transformation inexorable de Nestlé.

"La transaction devrait avoir un effet positif sur le bénéfice par action sous-jacent", écrivent les analystes de Baader Helvea. La direction continue de miser sur la croissance organique, l'expansion des marges, les dividendes et les rachats d'actions, qui conduisent tous à une création de valeur pour les actionnaires à un chiffre élevé ou à deux chiffres, tout en gardant un oeil sur le rendement des dépenses d'investissement, notent les analystes.

"La transaction proposée est intelligente, permettant à Nestlé de conserver toutes les opportunités en matière de fusions et acquisitions et de retour de liquidités aux actionnaires", constate Andreas Venditti, chez Vontobel. "Ces derniers mois, Nestlé a pris la position de leader en termes d'innovation, de numérisation et de durabilité, creusant ainsi l'écart avec la concurrence", écrit l'analyste.

"Nous n'excluons pas qu'une nouvelle opération de ce type puisse se produire dans les années à venir, lorsque Nestlé souhaitera vendre des actions", note pour sa part Loïc Morvan, de Bryan Garnier. Martin Deboo, de Jefferies, se demande également s'il s'agit là du début divorce à l'amiable.

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