Zurich (awp) - La filiale brésilienne de Nestlé va réduire de près de moitié les bons alimentaires distribués aux salariés de son usine de chocolat de Vila Velha, dans l'État d'Espírito Santo (sud-est). Communiquée en janvier dernier aux collaborateurs, la décision de la multinationale veveysane de raboter cette rétribution en nature dans un des pays les plus gravement touchés par la pandémie de Covid-19 suscite l'ire syndicale.
Sollicitée mercredi par AWP, la direction de Nestlé a expliqué "mener une négociation standard" avec un de ses syndicats sur un de ses sites. Dans ce cadre, l'entreprise procède "à des ajustements des conditions générales, toujours dans le respect des réglementations locales".
La réduction de 680 à 350 reais (115 à 59 francs suisses) de la valeur des bons alimentaires destinés aux salariés de l'usine - qui produit les chocolats de la marque Garoto, rachetée par Nestlé en 2001 - fait suite à la diminution de la participation du personnel aux bénéfices de l'entreprise.
"Que cela advienne dans une situation de pandémie de Covid-19 est tout simplement scandaleux", s'offusque Linda Morais, présidente de la branche locale du syndicat Sindialimentação, citée par Swissinfo, qui rappelle que l'année dernière, la multinationale veveysane avait déjà amputé de moitié les bons alimentaires de plus de 600 collaborateurs du site de Feira de Santana, dans l'État de Bahia.
Interrogé sur le nombre de collaborateurs affectés par de telles mesures, le groupe n'a pas fourni plus de détails, soulignant dans une prise de position écrite que "Nestlé Brésil s'engage à offrir des conditions égales ou supérieures à celles de ses concurrents sur le marché" et que tous les employés travaillant dans ses usines ont un salaire supérieur au minimum local.
Mesures de soutien
La filiale du colosse helvétique affirme avoir mis sur la table quelque 2,1 millions de francs suisses dans des mesures de soutien à ses salariés depuis l'éclatement de la pandémie, tels que transport gratuit, repas subventionnés, équipement de protection, vaccination offerte contre la grippe ou encore cours d'exercice physique.
Au Brésil, l'aide alimentaire, distribuée sous forme de bons à faire valoir dans le commerce, est un complément au salaire en nature offert par certaines entreprises, qui représente souvent une planche de salut pour les personnes aux revenus modestes. Ces dernières sont devenues dernièrement encore plus vulnérables du fait du renchérissement des denrées alimentaires comme conséquence de la pandémie.
Nestlé dispose d'une trentaine de sites de production au Brésil, où le groupe a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 2,8 milliards de francs suisses. A l'échelle du groupe, les recettes se sont contractées de 8,9% à 84,3 milliards, pour un bénéfice net en recul de 3,0% à 12,2 milliards. Les actionnaires se verront proposer le 15 avril le versement d'un dividende relevé de 5 centimes à 2,75 francs suisses par action pour l'exercice écoulé.
buc/fr