Genève (awp) - Le géant alimentaire Nestlé enveloppe désormais ses célèbres confiseries Smarties dans du papier recyclable, et non plus dans du plastique. Cette transition, qui concerne 90% de la gamme, est une fausse solution pour l'ONG Greenpeace, qui pointe du doigt les conséquences climatiques et environnementales d'un usage massif d'emballages en papier à usage unique.

La transition au papier des emballages Smarties permettrait d'éviter la production de 250 millions de paquets en plastique chaque année, affirme Nestlé dans un communiqué publié mardi. Cette initiative fait partie du plan de la société veveysane visant à réduire son impact environnemental, notamment en remplaçant tout son emballage par des matériaux recyclables ou réutilisables d'ici à 2025.

C'est le site de production de chocolat à Hambourg, en Allemagne, propulsé par un investissement de 10 millions d'euros, qui est désormais le centre névralgique de ces nouveaux emballages en papier.

"Smarties est la première marque au monde de confiserie à franchir le pas de l'emballage en papier", affirme le président de la branche des confiseries et glaces, Alexander von Maillot lors d'une conférence de presse mardi. "Nous voulons donner l'exemple vis-à-vis des enfants, ceux qui consomment les Smarties, et ainsi prendre soin des prochaines générations", affirme-t-il.

Interrogée par AWP, la porte-parole Nur Shilla Christianto explique quant à elle que le groupe n'a pas l'intention de modifier le prix de ses produits. "Comme nous introduisons de nouveaux matériaux, il y a un changement dans les coûts mais avec l'expansion de son usage, nous obtiendrons des gains d'échelle. Nous le voyons comme un investissement pour le futur".

Concrètement, ces nouveaux emballages seraient "issus d'une production durable et de papier revêtu, d'étiquettes en papier ou de carton", précise le communiqué. Et Bruce Funnell, directeur des emballages à Nestlé, d'ajouter à la presse lors de cette conférence que "les arbres dont on a besoin aujourd'hui ont été plantés hier. Il y a assez de papier pour faire cela de manière durable".

La fausse "bonne idée" pour Greenpeace

Des déclarations qui laissent l'ONG Greenpeace sceptique. L'organisation, active dans la protection de l'environnement depuis 1971, fait partie du mouvement Break Free From Plastic, qui publie chaque année le nom des marques les plus polluantes au monde. Et en 2020, Nestlé s'est retrouvé pour la troisième année consécutive dans le top trois des entreprises les plus polluantes.

Une transition au papier n'est-elle donc pas une bonne nouvelle ? Non, répond l'ONG à AWP. "En remplaçant les emballages plastique par des emballages papier à usage unique, Nestlé ne fait que déplacer le problème et alimente directement ou indirectement davantage la déforestation, la dégradation des forêts et la perte d'habitats", s'alarme Philipp Rohrer, expert zéro déchet pour Greenpeace Suisse.

Selon lui, les systèmes de certification du secteur forestier ne garantissent pas un approvisionnement provenant de plantations non durables. Vu la hausse de la demande mondiale en cellulose, "il est donc clair qu'il n'y a pas assez de forêts et de plantations gérées durablement si toutes les multinationales comme Nestlé remplacent les tonnes d'emballages plastique à usage unique par des tonnes d'emballages à base de bois", poursuit Mr Rohrer.

La seule solution serait, pour Greenpeace, que Nestlé mette fin à l'emballage unique et investisse dans des systèmes de distribution réutilisables.

Des ventes en baisse

Ce n'est pas la direction qu'a pris Nestlé, dont la marque Smarties engrange environ 300 millions de francs suisses de chiffres d'affaires chaque année.

La crise pandémique a néanmoins heurté les ventes de la branche confiserie du mastodonte alimentaire, puisque d'après son rapport financier au premier semestre 2020, les ventes des biscuits, snacks et autres chocolats ont chuté de 13,8% par rapport au même semestre de l'année dernière.

"Leur forte exposition au canal hors foyer, à la consommation à emporter et aux achats d'impulsion" seraient les raisons d'un tel recul, alors que par ailleurs le groupe alimentaire a solidement résisté aux effets de la pandémie de Covid-19, son chiffre d'affaires aux neufs premiers mois de 2020 dépassant les prévisions des analystes.

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