Paris (awp/afp) - La commission d'enquête sénatoriale chargée de faire la lumière sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille a promis lundi de saisir la justice, soupçonnant un dirigeant de Nestlé Waters de "faux témoignage" sur la situation du site de Perrier à Vergèze (Gard).

Dans un communiqué, le Sénat a annoncé saisir le procureur de Paris après une audition de Ronan Le Fanic, directeur industriel de Nestlé Waters, maison-mère de l'eau Perrier, en date du 26 mars 2025.

Le rapporteur de cette commission d'enquête, Alexandre Ouizille (Parti socialiste), et son président Laurent Burgoa (Les Républicains), estiment en effet que le dirigeant aurait menti en affirmant devant le Sénat que l'activité récente de l'usine de Vergèze, où l'eau est captée, était restée "routinière", sans incident d'exploitation.

Or les sénateurs pensent avoir eu la preuve que "les 10 et 21 mars 2025, les lignes de production de Perrier ont été affectées par des contaminations bactériennes dont la direction de Nestlé Waters a nécessairement été informée".

"Dans les deux cas, les évènements en question, dont la presse s'est faite l'écho, ont entraîné le blocage de nombreuses palettes de bouteilles Perrier, blocage qui n'a toujours pas été levé à ce jour", estime la commission d'enquête.

"Les représentants du groupe Nestlé Waters ont bien souvent refusé de déposer ou ont présenté des réponses robotiques. Néanmoins, dans le peu qu'ils ont accepté de partager avec les membres de la commission, se sont glissées des contre-vérités manifestes. À ce stade, au moins un parjure a été identifié", a affirmé M. Ouizille dans un communiqué.

Le faux témoignage devant une commission d'enquête parlementaire, qui dispose d'importants pouvoirs d'enquête et d'audition, est passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.

La commission sénatoriale doit présenter son rapport le 19 mai, après avoir multiplié les auditions pendant plusieurs mois. Son objectif est de faire la lumière sur les pratiques des industriels des eaux en bouteille, un scandale sanitaire qui a éclaté début 2024 après des révélations de journalistes du Monde et de franceinfo sur l'utilisation par des minéraliers de traitements interdits.

Le site de Nestlé Waters à Vergèze est actuellement fragilisé après que le préfet du Gard a mis en demeure le groupe de "retirer" son système de microfiltration de son eau Perrier, dans un délai de deux mois, au risque de ne pas obtenir le renouvellement de l'autorisation d'exploitation des célèbres bouteilles vertes comme "eau minérale naturelle".

afp/rp