Paris (awp) - Les membres de la commission d'enquête du Sénat ont dénoncé lundi le fait que l'Etat français n'a pas mis fin à l'infraction liée aux filtres illégaux des eaux minérales en bouteille, ainsi que l'attitude des dirigeants de Nestlé et de sa filiale Nestlé Waters.

"Il faut faire attention à ne pas faire peur aux consommateur, il n'y a pas eu de contamination sanitaire avérée", comme l'eau a été filtrée, a assuré lundi en conférence de presse Laurent Burgoa, président de la commission d'enquête sur les eaux en bouteille et sénateur du Gard, département où est exploité l'usine de Perrier, propriété de Nestlé Waters.

Mais pour le rapporteur Alexandre Ouizille, "la gestion du risque sanitaire" s'est révélée "dégradée". La problématique a d'abord été vue "comme un problème de consommation" et d'étiquette de la part des services de l'Etat. Une fois au courant des filtrations, qui sont illégales pour des eaux dites minérales naturelles, "l'Etat n'a pas fait cesser l'infraction" et "les ventes" d'eau en bouteille des marques du portefeuille de Nestlé se sont poursuivies. "Malgré cette fraude du consommateur, les autorités ont décidé de ne pas poursuivre" l'industriel, a-t-il déclaré, insistant sur l'absence de signalement au procureur de la République".

A propos des auditions des dirigeants de Nestlé et de Nestlé Waters, la sénatrice Antoinette Guhl, membre de la commission, a dénoncé l'"ostensibilité à ne pas répondre à nos questions, y compris Laurent Freixe", directeur général du géant veveysan. "Depuis quand dure la fraude? Nestlé Waters ne répond pas". La réponse est à trouver "dans un document de l'Etat", soit "depuis une vingtaine d'année". De même, ce sont les services de l'Etat qui affirment que le groupe a gagné "trois milliards d'euros avec cette fraude". Pour elle, "qualifier l'affaire Nestlé de scandale d'Etat est tout à fait opportun".

M. Ouizille a précisé que M. Freixe a annoncé lors de son audition une "inspection". "Pour l'instant, ce ne sont que des paroles", a asséné le rapporteur.

Les sénateurs de la commission d'enquête sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille ont entendu plus de 120 personnes au cours de 73 auditions pendant six mois. Ils ont notamment visité l'usine de Vergèze qui produit l'eau gazeuse Perrier et ses sites de captage, ainsi que le site de l'eau Evian en Haute-Savoie, appartenant à Danone et de Thonon (groupe Alma).

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