PARIS (awp/afp) - Plus de 70 producteurs et distributeurs indépendants, inquiets de perdre la main sur l'exploitation et l'exportation de leurs oeuvres au profit des diffuseurs, appellent les pouvoirs publics à "encourager la création indépendante", dans une tribune publiée par le Journal du dimanche.

Du "Bureau des légendes" à "Oggy et les cafards","nos séries audiovisuelles ont conquis le monde entier", rappellent les signataires de la tribune, parmi lesquels Pascal Breton (Federation Entertainment), Marc du Pontavice (Xilam) ou encore Pierre-Antoine Capton (Mediawan).

"Le chiffre d'affaires de l'export audiovisuel" a ainsi "bondi de 67 %" en dix ans, soulignent-ils.

Mais, dans un paysage "dominé par les plateformes et les contenus américains", ces "succès ne peuvent être durables sans la possibilité laissée aux producteurs indépendants de contrôler eux-mêmes l'exploitation des oeuvres et leur distribution internationale, via la maîtrise des mandats de commercialisation", expliquent les producteurs.

"Pourtant, les pouvoirs publics envisagent de déréguler cette attribution, comme en témoignent les récents débats au Parlement sur la réforme de l'audiovisuel, ce qui aurait pour effet de concentrer l'intégralité des mandats dans les mains des diffuseurs, tout en privant les producteurs et distributeurs indépendants du contrôle des actifs qu'ils ont créés", déplorent-ils.

"Or un diffuseur est concentré sur un marché national, son audience et ses revenus publicitaires, et aura tendance à préférer geler la diffusion de l'oeuvre au-delà de ce périmètre. A l'inverse, les indépendants ont construit leur modèle économique sur l'export et la circulation des oeuvres", font-ils valoir.

"La dérégulation envisagée mettrait en péril le rayonnement culturel français, tout le secteur de la distribution indépendante et plus de 70 sociétés, ainsi que des groupes aux ambitions internationales qui ont pris des risques", assurent-ils.

La question des mandats de commercialisation est abordée dans le cadre d'une révision du décret TNT, qui définit les relations entre les producteurs audiovisuels et les chaînes de télévision et fait l'objet de négociations.

La révision de ce texte s'inscrit dans le cadre d'une réforme plus vaste, liée à l'obligation d'investissement dans la production française qui va être imposée aux plateformes comme Netflix et dont les modalités doivent être détaillées dans le décret dit SMAD ("services de médias audiovisuels à la demande") d'ici à la fin du mois.

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