Une série de données chinoises, de chiffres sur la consommation et de résultats américains sont également attendus, ce qui donnera du grain à moudre aux investisseurs qui craignent que la sonnette d'alarme de la récession ne retentisse.
Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf à New York, Yoruk Bahceli, Amanda Cooper et Karin Strohecker à Londres vous proposent un tour d'horizon de la semaine à venir.
1/CRISE À GRANDE VITESSE
Les droits de douane imposés par Trump et le revirement qui s'en est suivi ont attisé la volatilité sur l'ensemble des marchés et, bien que des mouvements absolus plus importants aient été observés sur les actions, les obligations et les devises lors de crises antérieures, très peu ont été aussi rapides.
En matière de volatilité, c'est la vitesse d'un mouvement, et non sa taille, qui peut déclencher l'alarme. Les fluctuations du marché en avril se sont produites avec une intensité similaire à celle de la crise COVID de 2020 et proche de celle de la crise financière de 2008, mais en une fraction du temps utile.
Les actifs américains sont actuellement au cœur des ventes, les bons du Trésor, les actions et le dollar grimpant en flèche pour redescendre tout aussi rapidement. En 2020, la phase aiguë de la crise COVID a duré environ 24 jours de bourse. En 2008, elle a duré quelque 78 jours. En temps utile, elle n'a duré que dix jours.
2/LA BATAILLE DE PÉKIN
La campagne de Donald Trump sur les tarifs douaniers mondiaux ressemble désormais beaucoup à une guerre commerciale avec la Chine.
Non seulement la Chine n'a pas bénéficié du sursis de 90 jours accordé par POTUS à la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis pour les droits de douane du "Jour de la libération", mais il les a augmentés jusqu'à atteindre 145 % si l'on tient compte des droits de douane imposés précédemment.
Pékin vient d'augmenter ses prélèvements sur les expéditions américaines de 84 % à 125 %, et pourrait les augmenter encore à mesure que le conflit entre les deux parties s'intensifie. Mais il s'agit d'une question purement théorique, puisque les niveaux actuels signifient que le commerce est pratiquement mort.
Une série de données sur la Chine, notamment sur le commerce, la production industrielle et les ventes au détail, est attendue dans les jours à venir.
3/LE SEUL CHEMIN EST CELUI DE LA BAISSE
La réunion de la Banque centrale européenne, qui se tiendra jeudi, sera l'occasion de voir comment le chaos tarifaire modifiera la réflexion des décideurs politiques sur les réductions de taux à venir.
Les opérateurs tablent désormais sur une nouvelle baisse de 25 points de base, ce qui ramènerait le taux directeur de la banque à 2,25 %, une décision qu'ils considéraient comme aléatoire lors de la dernière réunion de la BCE. Ils prévoient deux autres baisses par la suite, soit une forte augmentation à partir du mois de mars.
Cela témoigne de la menace qui pèse sur l'économie européenne, toujours frappée par des droits de douane de 10 % pendant la pause de 90 jours accordée par M. Trump, sans parler des droits de douane plus élevés sur l'acier, l'aluminium et les voitures.
Le 11 avril, les ministres des finances de l'UE se réuniront à Varsovie pour discuter de la réponse de l'Union aux mesures de M. Trump. Le Premier ministre italien, Giorgia Meloni, rencontrera ensuite le POTUS jeudi.
4/REGARD SUR LE CONSOMMATEUR
La publication, le 16 avril, des données mensuelles sur les ventes au détail aux États-Unis permettra de vérifier si l'incertitude économique et tarifaire pèse sur le comportement des consommateurs américains.
Malgré le sursis accordé par Washington sur certains tarifs douaniers, les chiffres des ventes au détail de mars proposeront un aperçu de l'ampleur de l'anxiété économique qui pourrait déjà avoir un impact sur les dépenses de consommation. Le mois de février n'a connu qu'un rebond marginal, les consommateurs ayant réduit leurs dépenses discrétionnaires, tandis que les indicateurs de confiance des consommateurs ont été mis à mal.
Les rapports sur les bénéfices des entreprises prendront également de l'ampleur au cours de la semaine prochaine, les marchés s'attendant à des avertissements sur les bénéfices.
Le géant du streaming Netflix est l'une des entreprises dont les résultats sont attendus jeudi. Les investisseurs sont impatients de voir si les entreprises sont capables de faire des prévisions malgré l'évolution du contexte tarifaire.
5/DES SABLES MOUVANTS
La déroute des marchés tarifaires de Trump a déplacé toutes sortes de plaques tectoniques sur les marchés émergents : Les pays à haut rendement et moins bien notés ont subi un impact disproportionné sur leurs obligations et leurs coûts d'emprunt par rapport à leurs homologues mieux notés.
L'Asie - dominée par son géant régional, la Chine - s'est retrouvée au centre des retombées des guerres tarifaires, tandis que l'Amérique latine est plus à l'abri.
Le nouvel ordre commercial mondial posera de nouveaux défis à un certain nombre de décideurs politiques qui doivent faire face aux perspectives de ralentissement de la croissance et aux probables pressions inflationnistes croissantes.
Jeudi est une journée importante pour les banques centrales des pays émergents. La Turquie devrait maintenir son taux de référence, et des questions se posent quant à la marge de manœuvre dont disposent les décideurs égyptiens pour réduire les taux dans un contexte de volatilité accrue. La banque centrale de Corée du Sud pourrait être contrainte d'avancer ou d'accentuer les réductions de taux d'intérêt cette année face au risque de récession.