2022 sera-t-il un grand millésime pour les séries françaises sur Netflix ? La plateforme a-t-elle une façon de produire des séries à la française ou est-ce, au contraire, la même méthode Netflix partout dans le monde ? Tous les programmes français ont-ils l'objectif de s'exporter aussi bien que la série Lupin ? Dans cette interview menée par Xuoan Duquesne*, Damien Couvreur nous dévoile les coulisses de la production de séries françaises par Netflix.

1/ Xuoan Duquesne : Quel est le principal enjeu actuel de Netflix pour ses séries en France ?

Damien Couvreur : Nous avons l'opportunité de raconter de grandes histoires françaises avec authenticité, dans lesquelles le public va se reconnaître car elles sont le reflet de la société dans toute sa diversité. Le défi est de convaincre nos abonnés français que nos contenus ont de la valeur, au même titre, sinon mieux, que les séries américaines, anglaises, espagnoles… Quand on regarde les grandes séries de 2021, je trouve incroyable qu'il y ait une série coréenne (Squid Game), une série espagnole (La Casa de Papel), une série française (Lupin - dont on vient d'annoncer la reprise du tournage). Qui aurait pu parier sur un tel trio il y a un an ?

On vit un moment incroyable où une histoire très ancrée dans une culture locale peut avoir une résonance internationale. C'est toute la force des équipes créatives locales de Netflix en Europe, en Asie, en Amérique… Et aussi, la force du service Netflix qui sait apporter des contenus aux 4 coins du monde, dans leur langue, sous-titrés dans des dizaines de langues, à tous nos abonnés en même temps. Citons en exemple Lupin, une des plus grandes œuvres littéraires françaises, dont notre adaptation en série a été visionnée par 76 millions de foyers dans le monde.

2/ X.D. : L'écosystème de production français est-il particulier pour Netflix ? Produisez-vous de la même façon en France que dans d'autres pays, et vos séries le sont-elles avant tout pour la France ou pour l'international ?

D.C. : Concernant l'écosystème, c'est une question que l'on se pose toujours avec nos collègues allemands, italiens, anglais… Chacun se sent très particulier, et heureusement ! Il y a des points particuliers qui sont liés à l'histoire de la culture française du cinéma et de la série. En parallèle, il y a toute une nouvelle génération qui a le goût de raconter des histoires différemment, et d'un travail créatif plus collectif et ancré dans la durée avec les séries. Tout le défi est de ne pas perdre cette spécificité culturelle française tout en ayant une mise à l'échelle avec de grandes séries qui s'exportent, ce qui n'était pas assez courant jusqu'alors.

Quand on s'est lancé dans la production de séries en France il y a 5-6 ans, nous sommes arrivés avec un cadre qui était le nôtre et que nous avons proposé à nos interlocuteurs. Avec le temps, nous nous sommes beaucoup rapprochés de la communauté créative et des producteurs français et avons progressé ensemble au rythme des différentes collaborations et projets. Ceux-ci ont aussi envie de travailler avec des temps de développement et une répartition des rôles différents. Cela peut aller vers une organisation "à la showrunner" et "writers' room" propres à l'industrie anglo-saxonne.

Enfin, lorsqu'on produit des séries, on raisonne avant tout à l'échelle locale. Quand on décide de faire une mini-série qui va raconter l'incendie de Notre-Dame par le point de vue de différents personnages dans un récit choral, enlevé et romanesque, nous tendons un miroir à qui nous sommes. On fait ce choix avant tout pour la France. Ensuite, c'est un monument très connu, dans l'une des plus belles villes du monde, et un événement à la portée internationale. Ce choix, tourné vers le public français, trouvera un écho ailleurs dans le monde. Chez Netflix, nous n'avons pas à faire le choix entre public local et public global.

Une série Netflix va bénéficier de tout le soutien en interne qui va lui permettre d'être vu par nos 220 millions d'abonnés. Cela passe par le sous-titrage, le doublage, les affiches et bandes-annonces accessibles dans les langues d'un maximum d'abonnés. La sortie ayant lieu le même jour, dans le monde entier. En termes de partage et de moment collectif, c'est inédit et plutôt incroyable. Nos créateurs français sont souvent émus par l'effervescence autour de leurs œuvres qu'ils perçoivent aussi bien du Brésil que du Japon, que de la France à l'Espagne.

3/ X.D. : 2022 sera-t-elle une année riche pour les productions françaises Netflix ?

D.C. : Je suis toujours partagé entre humilité et superstition pour ne pas dire : "ce sera l'année de tous les succès pour Netflix !" En 2022, nous approfondissons le sillage qui était très visible en 2021 : des histoires qui ont de l'ampleur, des créateurs qui ont des moyens, et une diversité de genres. Nous allons notamment lancer Drôle , la nouvelle série de Fanny Herrero qui raconte le parcours intense et généreux de 4 jeunes qui se lancent dans le stand-up. Il y aura aussi la série sur Notre-Dame évoquée plus haut ou encore le retour des séries Plan Coeur (saison 3) et Braqueurs. Le tournage de la saison 3 de Lupin a également démarré.

2022 sera une année de continuité de sujets, de thèmes, de personnages qui résonnent et qui nous ressemblent. On continuera à donner des moyens à des créateurs pour qu'ils racontent des histoires françaises à portée internationale.

* Xuoan Duquesne est un cinéphile, ancien producteur de courts-métrages, et actuel rédacteur en chef de la Réclame.

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Netflix Inc. published this content on 16 January 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 17 January 2022 12:04:21 UTC.