Les crises sont sources d’opportunités. Après avoir repris Nextedia pour la faire passer de 4 M€ de CA à 24,4 M€ en 2019, Marc Négroni annonçait viser 50 M€ de CA en 2023. En mettant la main sur Anetys et ses 19 M€ de CA, le projet prend de l’avance. Et lui donne accès à de nouveaux marchés porteurs. Avec une ambition affichée par l’usage du mot « Licorne », ce qui prête à sourire pour une société qui capitalise aujourd’hui une dizaine de millions d’euros … Entretien. 

Marc Negroni, Nextedia devait doubler de taille en 4 ans en combinant croissance externe et organique. Objectif atteint pour la croissance externe ?

 "Ce ne sera pas la dernière ! La crise que nous traversons a accéléré le processus. La genèse de ce rapprochement qui fait évoluer notre orientation stratégique remonte à 2019. Nous avions déjà perçu l’importance qu’allaient prendre les problématiques de cybersécurité. Nextedia, en tant qu’acteur de la transformation digitale de la relation client, a été amené à traiter de plus en plus de données sécurisées ces dernières années, ce qui a nourri notre réflexion autour de la sécurité et de la performance des réseaux informatiques. Créée au début des années 2000 comme Nextedia et partiellement détenue par un même actionnaire de référence, Pascal Chevalier, Anetys est positionnée depuis son origine sur la modernisation de l’espace de travail et la sécurisation des systèmes d’informations. Cette acquisition nous permettra de changer de taille. L’ensemble doit permettre d’atteindre un CA de 42 à 43M€ cette année, pour plus de 300 collaborateurs, dont environ un tiers sont issus d’Anetys. Les entrepreneurs et actionnaires d’Anetys ont vocation à accompagner dans la durée le nouvel ensemble, qui changera de nom et qui ne compte pas s’arrêter après avoir franchi cette étape ambitieuse."

Quelles seront les synergies dégagées par le nouveau groupe ?

"Notre double offre, l’une autour de la data au service de la relation client à travers notre marque Almavia CX, l’autre autour de secteurs porteurs de la cybersécurité et du digital workplace, doit naturellement générer du cross-selling auprès de nos clients respectifs, le changement de taille et la complémentarité de l’offre aidant. Au-delà de ces synergies commerciales, nous allons incuber des start-up positionnées sur la cybersécurité, un secteur beaucoup trop atomisé en France. La holding cotée Nextedia a donc vocation à investir, à l’image d’un capital risqueur, dans des projets technologiques, dans la R&D, notamment en matière de logiciels. Nous nous appuierons pour cela sur la richesse de notre écosystème et de nos réseaux, notamment celui de Pascal Chevalier, qui sera à l’issu de la fusion un actionnaire majeur du nouvel ensemble. Ces sociétés à incuber ont besoin d’être coachées, animées et consolidées afin d’émerger, de changer de dimension et de valorisation. Nous prendrons des participations majoritaires ou minoritaires, avec un portage plus ou moins long, avec un objectif de maximiser la création de valeur. Nous avons donc vocation à renforcer de façon majeure l’apport technologique autour des services que nous proposons à nos clients. C’est en sortant du modèle classique d’ESN que nous pourrons accélérer la croissance et améliorer la récurrence de nos revenus."

Nextedia était encore endettée fin 2019. Quel est le prix cette acquisition et comment allez-vous la financer ?

 "L’issue favorable d’un très vieux litige avec une banque finlandaise nous a permis, en dégageant un produit exceptionnel de 1,7 M€, d’annuler notre endettement financier net au premier semestre de cette année. Notre bilan assaini nous a permis de financer un peu plus d’un tiers de l’acquisition via un emprunt à long terme, et le solde par échange d’actions. Nous ne divulguons pas le prix de cette acquisition, mais pouvons vous dire que les multiples qui en ressortent sont conformes aux valorisations d’ESN cotées et que la dilution des actionnaires de Nextedia sera limitée. De plus, il n’y aura pas d’earn out et Anetys est en situation de trésorerie nette positive, ce qui limitera l’endettement du nouvel ensemble."

Quelle est la dynamique de votre activité en cette année 2020 très particulière ?

 "Chez Nextedia, après un très bon 1er trimestre, nous avons limité l’érosion d’activité au 2e trimestre pour finir à -5,6% sur l’ensemble du semestre. Depuis, la reprise est très progressive. Chez Anetys, nous attendons un chiffre d’affaires stable par rapport à 2019."

Vous avez 53 ans et votre projet est très ambitieux. Quel est votre horizon ?

 "Avec ce changement de taille et de positionnement, toutes les conditions sont réunies pour faire effet de levier au niveau commercial et financier. Si nous parvenons à combiner croissance organique et externe avec une marge opérationnelle à deux chiffres, nous allons automatiquement attirer de nouveaux partenaires financiers qui nous donnerons les moyens nécessaires pour accélérer. Les 5 à 7 ans à venir devraient être passionnants !"