Face à l'accélération de l'électrification du parc automobile, qui pourrait entraîner un doublement de la demande mondiale en machineries électriques automobiles à 45 milliards d'euros sur les deux prochaines décennies, PSA a déjà fait part de son souhait de réinternaliser ses moteurs, comme Renault l'a déjà fait quelques années plus tôt.

"L'objectif est de passer à une nouvelle étape stratégique qui nous permet de maîtriser et de contrôler, grâce à ce partenariat, la machinerie électrique", a expliqué Patrice Lucas, vice-président exécutif de PSA en charge des programmes et de la stratégie, lors de la présentation de la JV.

Pour les voitures électriques et hybrides que PSA va lancer à partir de 2019, le groupe se fournit en grande partie auprès de l'allemand Continental et de la JV Valeo-Siemens. A partir de 2022, les modèles embarqueront à la place des moteurs électriques Nidec Leroy-Somer.

Ceux-ci seront fabriqués chez PSA, sur le site diesel historique de Trémery (Moselle), qui disposera d'une capacité de production initiale de 900.000 unités par an en 2022.

Le développement des moteurs, qui s'effectuera également chez PSA à Poissy (Yvelines), mobilisera une centaine d'ingénieurs et la production environ 400 personnes, des postes qui devraient être pourvus essentiellement en interne.

Grâce à cet accord, dont la finalisation est prévue au premier trimestre 2018 une fois les autorisations réglementaires obtenues, l'investissement initial de 220 millions d'euros est partagé à parité entre les deux groupes.

Au cours de la présentation, Tetsuo Onishi, vice-président exécutif de Nidec, a souligné qu'en 2022, lors du lancement de la production, la structure capitalistique de la JV resterait à 50-50 mais que c'est Nidec qui prendrait alors la direction de la commercialisation des moteurs produits, essentiellement à destination de PSA mais aussi vers d'autres clients constructeurs éventuels.

LE FOURNISSEUR ACTUEL DES AUTOLIB

Numéro un mondial des petits moteurs de précision, Nidec cherche à se renforcer dans les machines électriques de plus grande taille, notamment dans l'automobile, et multiplie les acquisitions en ce sens.

Il a annoncé la semaine dernière le rachat de l'allemand driveXpert, spécialiste des unités de contrôle électronique pour l'auto. En février dernier, il a repris pour 1,2 milliard de dollars Leroy-Somer à l'américain Emersen, dans le cadre du recentrage de ce dernier sur l'automatisation industrielle et les solutions énergétiques.

Pour Leroy-Somer, basé à Angoulême, cet accord avec PSA consacre une expertise forgée en 1919.

La filiale française de Nidec emploie près de 3.000 personnes dans l'Hexagone et fournit déjà les moteurs électriques des Autolib, ainsi que ceux de l'E-Mehari de PSA. Elle est également spécialisée dans les moteurs d'ascenseurs et de robots de plus grand gabarit, et équipe aussi des navires et des sous-marins de l'armée française.

Par ailleurs, interrogé lors de la présentation sur la perspective d'une demande de compensation à General Motors des dépassements de CO2 d'Opel, Patrice Lucas n'a pas fait de commentaire. Il a simplement répondu que le groupe avait présenté un plan pour ramener l'ancienne filiale de GM dans les clous et que, comme les autres technologies de PSA, les futurs moteurs PSA Nidec avaient vocation à équiper tous les modèles Opel et Vauxhall.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume

Valeurs citées dans l'article : Peugeot, Denso Corp, NIDEC CORPORATION