Le secteur automobile traverse une zone de turbulences. La transition vers l’électrique ne se fait pas sans heurts, la concurrence entre les constructeurs japonais est féroce et les menaces de droits de douane brandies par l’administration américaine viennent compliquer encore un peu plus la situation. Déjà fragilisé par des erreurs stratégiques, Nissan cherchait à s’allier à Honda pour renforcer sa position. Mais très vite, le rapport de force s’est avéré déséquilibré.

Un rapport de force inégal

Dès le départ, Nissan n'était pas en position de force dans ces négociations. Pourtant, selon plusieurs sources citées par Reuters, le constructeur aurait abordé les discussions avec une assurance démesurée, tentant de négocier d’égal à égal avec Honda. Un pari osé, quand on sait que Honda affiche une capitalisation boursière quatre fois supérieure à celle de Nissan.

L’un des points de friction majeurs a été la restructuration : Honda aurait exigé de Nissan une réduction d’effectifs et la fermeture de certaines usines, une demande immédiatement rejetée par ce dernier. Nissan semblait convaincu de pouvoir s’en sortir seul, malgré les difficultés évidentes. Cette posture intransigeante, combinée à une lenteur dans la prise de décision, a fini par exaspérer Honda, qui a préféré couper court aux discussions.

« Je pense que c'est un problème de gestion », analyse Julie Boote, experte chez Pelham Smithers Associates. « Nissan surestime complètement sa position, la valeur de sa marque et sa capacité à redresser l’entreprise. » La rupture a été consommée après une dernière offre de Honda : transformer Nissan en une de ses filiales. Une proposition immédiatement rejetée, notamment par Renault et les autres actionnaires, qui n’y voyaient aucun avantage financier.

Déjà un nouvel allié ?

Les tensions ont fini par faire exploser tout espoir d’entente. Nissan explore désormais d’autres options et se tourne vers de nouveaux partenaires. Parmi eux, Foxconn, le géant taïwanais de la fabrication d’électronique, connu pour assembler les iPhones d’Apple. Selon Reuters, Foxconn chercherait à nouer un partenariat avec Nissan, sans pour autant envisager une acquisition.

« Foxconn a besoin d’une marque automobile pour s’imposer dans le secteur, et Nissan pourrait être une option attractive », estime Amir Anvarzadeh, stratège chez Asymmetric Advisors. Contrairement à Honda, Foxconn pourrait se montrer plus conciliant, car son objectif n’est pas de dominer, mais de s’intégrer dans l’industrie automobile.